Le pape François s'est démarqué dans ses récentes nominations de cardinaux, dimanche dernier: aucun Américain, un seul de la Curie et, surtout, des choix iconoclastes, de diocèses peu souvent marqués par la pourpre cardinalice.

L'un des cinq cardinaux «émérites» (ainsi nommés parce qu'ils ont plus de 80 ans et ne pourront voter au prochain conclave), José de Jesús Pimiento Rodríguez, est un ami du cardinal Marc Ouellet. Mgr Rodríguez était archevêque de Manizales, en Colombie, alors que Mgr Ouellet y dirigeait un séminaire sulpicien, dans les années 80.

«Mgr Ouellet m'a déjà dit que Mgr Pimiento était le meilleur évêque de Colombie», affirme Humberto Gonzáles Franco, qui se trouve actuellement en retraite spirituelle à la même résidence religieuse que Mgr Pimiento. «Ils s'envoient régulièrement des salutations quand je vais en Colombie ou que je retourne à Rome.»

Est-il possible que Mgr Ouellet, à titre de préfet de la Congrégation pour les évêques, ait eu une influence sur le choix de Mgr Pimiento? Impossible de le déterminer, ont indiqué deux vaticanistes américains et deux prélats colombiens joints par La Presse. «Le pape François, qui est argentin, a connu Mgr Pimiento au temps où il était président de la Conférence épiscopale colombienne», note Mgr Gonzáles Franco. Le choix de Mgr Pimiento, influent en Colombie, mais archevêque émérite d'une petite ville, Manizales, est un bon symbole de la volonté de François d'amener à Rome de nouvelles voix, notent John Allen, vaticaniste du site Crux du Boston Globe, et Thomas Reese, jésuite et chroniqueur à l'hebdomadaire The National Catholic Reporter.

N'empêche, Mgr Pimiento est le plus vieux des 5 cardinaux émérites nommés dimanche - en plus de 15 cardinaux électeurs -, et seuls deux Italiens sont plus âgés que lui. Et, contrairement aux quatre autres, il est trop vieux pour faire le voyage à Rome.

Des 15 nouveaux cardinaux électeurs, 5 sont d'Asie-Pacifique, 2 d'Afrique et 3 d'Amérique latine. Au total, les deux tiers des nominations proviennent de ces nouvelles places fortes du christianisme, qui ne représentaient auparavant que le tiers du collège des cardinaux.

Ces nominations «de périphérie» pourraient rendre paradoxalement plus difficile la réforme du Vatican, selon M. Allen. «C'est un peu comme les États américains qui ont limité le nombre de mandats des politiciens, dit-il. On voit que les bureaucrates et les lobbys y ont gagné en puissance, parce que les politiciens ont moins d'expérience. Il faut aussi noter que les cardinaux originaires des grands diocèses ont une expérience plus pertinente pour le Vatican, parce qu'ils connaissent les défis de la gestion des grands organismes. Ils sont aussi davantage écoutés par les fonctionnaires de la Curie.»

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Nombre de cardinaux électeurs

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Nombre de cardinaux électeurs nommés par François