Un graffiti de l'artiste Banksy tournant en dérision les comportements racistes a été effacé par les autorités locales de Clacton (est de l'Angleterre), en pleine campagne électorale qui pourrait déboucher sur l'élection inédite d'un député du parti populiste et anti-immigration Ukip.

Le dessin de l'artiste de rue mondialement célèbre mettait en scène un rassemblement de pigeons gris et noirs protestant contre la présence d'une hirondelle verte en brandissant des pancartes «Retourne en Afrique» ou «Les émigrés ne sont pas les bienvenus».

L'oeuvre était visible sur le mur d'un bâtiment en bord de mer, sur lequel on ne voit désormais plus qu'une tache verdâtre.

La décision de l'effacer a été prise suite à la plainte d'un résidant ayant vraisemblablement interprété le dessin au premier degré.

«Notre équipe anti-graffiti est allée sur place pour enquêter et a estimé que les mentions "Retourne en" "Les émigrés ne sont pas les bienvenus" pouvaient effectivement être jugées offensantes pour certaines personnes», a expliqué à l'AFP un porte-parole des autorités locales, Nigel Brown.

L'équipe qui a procédé à la suppression du dessin «n'avait pas réalisé qu'il s'agissait d'un Banksy, mais cela n'aurait de toute manière fait aucune différence si elle l'avait su», a-t-il ajouté, soulignant que les autorités locales ne regrettaient pas une seconde leur décision.

«Nous savons parfaitement qu'il s'agit d'ironie et de satire politique, mais ce n'est pas forcément du goût de tout le monde», a-t-il dit.

Banksy, volontiers provocateur, a acquis une renommée mondiale avec ses graffitis qui ont fleuri sur les murs londoniens au fil des ans. Certains ont été achetés par des célébrités comme l'actrice américaine Angelina Jolie, pour des milliers de livres.

Vendredi, son site internet affichait une photo montrant le graffiti de Clacton, avant qu'il ne soit effacé.

La suppression du graffiti intervient à quelques jours d'une législative partielle, qui pourrait créer un séisme au sein de la classe politique britannique, jeudi prochain.

Douglas Carswell, qui détenait le siège depuis 2005 pour le compte du Parti conservateur, est candidat à sa propre succession, mais cette fois pour le compte de l'Ukip dont il a rallié les rangs.

Son élection enverrait le premier député du parti populiste et europhobe, au Parlement de Westminster.