La police bosnienne a arrêté mercredi seize islamistes soupçonnés d'avoir combattu en Syrie et en Irak alors qu'au Kosovo voisin un journaliste était menacé de décapitation par des intégristes locaux, au lendemain de l'exécution d'un second journaliste américain par les djihadistes de l'État islamique.

En Bosnie, les personnes arrêtées sont «soupçonnées d'avoir recruté tout comme d'avoir organisé et financé le départ de ressortissants bosniens en Syrie ou en Irak, ou bien d'avoir participé elles mêmes dans les conflits en Syrie et en Irak dans les rangs de groupes et organisations terroristes radicaux étrangers (...) notamment l'État islamique», a dit à l'AFP une porte-parole de l'Agence nationale bosnienne d'investigation (Sipa), Kristina Jozic.

Ces arrestations ont eu lieu notamment à Sarajevo, Kiseljak, Zenica (centre), Maglaj, Teslic (nord) et Buzim (nord-ouest), où un des leaders des musulmans radicaux locaux, Bilal Bosnic, a été arrêté et une importante quantité d'armes, de munitions et autres équipements militaires, ont été saisis.

La Bosnie s'est dotée en avril d'une nouvelle législation prévoyant des peines allant jusqu'à 10 ans d'emprisonnement pour les djihadistes et ceux qui les recrutent.

En Macédoine, le Parlement a amendé mercredi le code pénal en introduisant des peines de prison ferme d'un minimum de cinq ans pour tout ressortissant de cette ex-république yougoslave qui combattrait à l'étranger dans les rangs d'une armée, d'une police ou d'une formation para-militaire.

Dans la région, l'Albanie a également adopté fin juillet une loi prévoyant des peines allant jusqu'à 15 ans de prison pour les ressortissants albanais impliqués dans des conflits à l'étranger.

La Serbie va prochainement amender son code pénal et introduire des peines de prison pour ce même délit.

Spécialisé dans des questions liées à l'islam dans la politique, le journaliste kosovar Visar Duriqi a dit redouter pour sa vie.

Dans un communiqué, l'organisation Reporters sans frontières s'est dite «particulièrement inquiète concernant le sort de Visar Duriqi» et a exhorté «le ministère de l'Intérieur du Kosovo à lui fournir une protection».

Selon RSF, une organisation appelée la Jeunesse musulmane a accusé M. Duriqi d'apostasie, dans un communiqué diffusé sur son site à la mi-août.

«L'apostasie est passible de peine de mort dans certains pays musulmans et les musulmans kosovars qui adhèrent à cette interprétation du Coran ne font que la relayer», a noté RSF.

La couverture par M. Duriqi de sujets sur l'extrémisme religieux a été «une source d'irritation dans les cercles radicaux» kosovars, a ajouté RSF.

Dans une série d'articles, M. Duriqi a décrit la manière dont sont endoctrinés les jeunes Kosovars de religion musulmane avant d'être encouragés à rejoindre les groupes djihadistes en Syrie.

«Si le wahhabisme n'est pas pris au sérieux au Kosovo (...), ce mouvement pourrait mettre en application son savoir faire dans l'exécution d'attentats suicide», a-t-il récemment écrit dans un article.

«Les possibles auteurs de ces attentats se rendraient dans leur paradis et les Albanais qui s'efforcent d'édifier une société démocratique verront s'ouvrir les portes de l'enfer», écrivait-il.

L'écrasante majorité des quelque 1,78 million de Kosovars sont des musulmans très modérés.

Au Kosovo, une quarantaine d'islamistes soupçonnés d'avoir rejoint les insurgés djihadistes en Syrie ont été arrêtés en août.

Selon des estimations des services de sécurité, quelque 150 Kosovars sont engagés dans les rangs des djihadistes en Syrie. Seize y ont été tués.