La publication cette fin de semaine par un hebdomadaire polonais d'une conversation entre le ministre de l'Intérieur et le gouverneur de la banque centrale, enregistrée à leur insu, a soulevé une tempête frappant le gouvernement de centre-droit de Donald Tusk.

Dans cette conversation, qui a eu lieu dans un restaurant varsovien l'été dernier, le ministre Bartlomiej Sienkiewicz cherchait à convaincre le gouverneur Marek Belka de soutenir la politique budgétaire du gouvernement. M. Belka a donné son accord hypothétique, demandant en retour la démission du ministre des Finances de l'époque, Jacek Rostowski. Ce dernier a effectivement quitté son poste par la suite.

«Dans cette situation, excuse-moi, la démission du ministre des Finances est indispensable. Viendra ensuite un nouveau ministre - je ne dois pas vous dire qui ça peut être, il y a des noms et des gens dans le pays... Et on pourra faire ce qui sera nécessaire, pour empêcher...» la victoire de l'opposition, aurait déclaré le gouverneur selon les sténogrammes de ces enregistrements.

«Mais cela ne doit pas arriver plus tard que huit mois avant les élections», aurait rétorqué le ministre Sienkiewicz.

Le 20 novembre dernier, le ministre Vincent Rostowski a été congédié après six ans de travail par le chef du gouvernement dans le cadre d'un vaste remaniement ministériel. À sa place, un jeune économiste de 38 ans de la banque néerlandaise ING, Mateusz Szczurek, a été nommé.

L'hebdomadaire Wprost affirme disposer d'autres enregistrements compromettant pour des membres du gouvernement Tusk.

«C'est une affaire déplorable. Je ne la néglige pas», a réagi dimanche le premier ministre Donald Tusk sur son compte Twitter, annonçant qu'il allait commenter ces révélations lors d'une conférence de presse lundi après-midi.

Dans un communiqué publié dimanche, la NBP a qualifié les révélations «de propos sortis du contexte» et «manipulés pour donner l'impression que le gouverneur a outrepassé ses droits ce qui n'a jamais eu lieu».

L'opposition a déjà appelé à la démission du gouvernement à la suite de cette affaire.

«La seule solution possible est la démission immédiate du gouvernement», a déclaré Mariusz Blaszczak, député du principal parti d'opposition Droit et Justice de Jaroslaw Kaczynski.