L'Union européenne veut mettre en place au Kosovo une cour internationale chargée de juger des crimes de guerre commis par des membres de la guérilla indépendantiste kosovare pendant le conflit serbo-kosovar de 1998-99.

Cette juridiction, à laquelle s'oppose aussi bien le pouvoir que l'opposition au Kosovo, devrait notamment se pencher sur le présumé trafic d'organes perpétré par les forces kosovares et qui a déjà fait l'objet d'un rapport du Conseil de l'Europe, a-t-on indiqué samedi de source européenne à Pristina.

Cette «cour spéciale, censée faire partie du système judiciaire du Kosovo (...), serait basée au Kosovo, mais les procédures sensibles, dont les interrogatoires des témoins, se tiendraient hors du pays (...)», lit-on dans un communiqué de la délégation de l'UE à Pristina.

En 2010, un rapporteur du Conseil de l'Europe, Dick Marty, a publié un rapport sur un trafic d'organes présumé perpétré par la guérilla indépendantiste kosovare albanaise sur des prisonniers serbes durant la guerre.

Dans ce document, M. Marty a mis en cause l'ex-chef de la guérilla Hashim Thaçi, actuellement premier ministre du Kosovo, ce que l'intéressé a vivement démenti.

Ce rapport fait état de quelque 500 victimes de ces crimes.

L'UE a ensuite lancé en 2011 une enquête dirigée par un procureur américain, Clint Williamson, pour vérifier les accusations du «rapport Marty».

Un rapport sur cette enquête devrait être publié «à la mi-juin» et pourrait être suivi d'une «inculpation», a déclaré à l'AFP une source du ministère kosovar de la Justice ayant requis l'anonymat.

En visite vendredi à Pristina, un haut responsable de la diplomatie américaine, Johnathan Moore, a évoqué la mise en place de la cour internationale avec des dirigeants kosovars, notamment avec M. Thaçi, ont rapporté les médias locaux.

L'objectif de cette institution «est de se concentrer sur les résultats du rapport de M. Marty», a déclaré M. Moore au quotidien kosovar Koha Ditore.

La délégation européenne à Pristina souligne pour sa part que «cette cour (ne visera pas) le Kosovo et (la guérilla indépendantiste) de l'Armée de libération du Kosovo».

«Il s'agira d'enquêter sur des soupçons portant sur des actes criminels sérieux commis par des individus», ajoute le communiqué.

La mise en place de cette cour devra être approuvée par le Parlement kosovar.

Le conflit au Kosovo a fait environ 13 000 victimes, la plupart des Albanais kosovars. Il s'est achevé par des frappes aériennes de l'OTAN contre la Serbie qui ont mis fin à la répression des forces serbes contre les indépendantistes kosovars et les civils albanais du Kosovo.