Des écrivains et associations de défense des prisonniers au Royaume-Uni ont lancé une campagne contre l'interdiction pour les détenus de se faire envoyer des livres, dans un contexte de durcissement des conditions d'emprisonnement.

Une pétition sur l'internet pour protester contre cette mesure rassemblait mardi près de 14 000 signataires.

Le gouvernement a justifié sa volonté de «limiter le nombre de colis entrant en prison» par la nécessité de lutter contre les trafics, notamment de drogue.

Les proches des détenus ne peuvent donc plus leur envoyer de livres, mais les prisonniers ont accès à la bibliothèque de leur centre pénitentiaire, et peuvent utiliser l'argent gagné en prison pour commander personnellement des ouvrages, a souligné le ministère de la Justice.

«Soyons clairs, il ne s'agit pas de limiter l'accès des prisonniers aux publications écrites», a affirmé le secrétaire d'État britannique chargé des prisons Jeremy Wright dans un communiqué.

«Nous devons surveiller, pour des raisons de sécurité évidentes, le matériel qui entre en prison», a-t-il aussi expliqué sur la BBC.

Il a ajouté que cette décision relevait également de la volonté du gouvernement d'inciter «les prisonniers à gagner par eux-mêmes leur confort matériel». «Si nous autorisions les gens à envoyer des choses sans aucune restriction, cela anéantirait cette approche», a-t-il estimé.

Mais Frances Crook, directrice de l'association «Howard League for Penal Reform», a fustigé un «régime punitif de plus en plus irrationnel orchestré par (le ministre de la Justice) Chris Grayling qui fait les gros titres, mais restreint l'éducation et la réhabilitation».

Plusieurs écrivains ont également exprimé leur indignation.

«On donne des livres aux enfants parce qu'il s'agit d'objets bénéfiques, qui en font des personnes meilleures», a souligné l'auteur Mark Haddon sur la BBC. «Mais apparemment on essaie d'améliorer les prisonniers en restreignant leur accès aux livres, comme si l'on avait affaire à deux types d'êtres humains complètement différents», a-t-il commenté, railleur.

L'écrivain Philip Pullman a également condamné dans le Guardian «une décision détestable et révoltante».

En avril 2013, le gouvernement avait annoncé une réforme prévoyant un accès restreint à la télévision pour les prisonniers, par ailleurs privés de DVD interdits aux moins de 18 ans, ainsi que des journées de travail plus longues.

Le gouvernement avait aussi indiqué en septembre qu'il envisageait d'interdire la cigarette dans les cellules des prisons, au risque de susciter le mécontentement d'une population carcérale très majoritairement fumeuse.