Des survivants du naufrage qui avait fait 366 morts le 3 octobre au large de Lampedusa ont témoigné lundi à Palerme (Sicile) au procès de leur passeur somalien, accusé de les avoir violés et torturés.

Parmi ces sept témoins, tous Érythréens, une jeune fille de 18 ans s'est caché le visage dans les bras d'un policier quand elle a aperçu son violeur présumé, ont rapporté les médias italiens.

Soupçonné d'être «l'un des organisateurs» de la tragique traversée, Elmi Mouhamud Muhidin, avait été interpellé le 25 octobre sur l'île de Lampedusa, où il vivait dissimulé au milieu de réfugiés dans le centre d'accueil de l'île. Reconnu par des migrants, dont les 155 rescapés du naufrage du 3 octobre, il avait failli être lynché.

Au cours de l'audience de lundi, l'accusation a affirmé que Muhidin dirigeait le centre en Libye où les migrants avaient été emmenés avant de partir pour leur voyage fatal.

Selon les enquêteurs, vingt femmes qui ont embarqué à bord du navire ont été violées par Muhidin. Seule la jeune fille qui a témoigné lundi a survécu au naufrage.

«Ils ont expliqué au juge comment ils étaient détenus et soumis à divers types de tortures pour leur extorquer de l'argent», a expliqué leur avocat, Carlo Emma, cité par l'agence italienne TMNews.

Les migrants avaient indiqué à la police avoir été forcés de payer jusqu'à 2500 euros (plus de 3700 $) pour pouvoir monter sur le navire.

Les migrants en provenance d'Érythrée et de Somalie ont à plusieurs reprises évoqué les abus dont ils ont été victimes durant leur long périple jusqu'en Europe, notamment en Libye en proie à une recrudescence des violences depuis la chute du colonel Mouammar Kadhafi.

Il est rare que les auteurs de ces violences soient jugés et les associations de défense des droits de la personne réclament une plus grande implication de la communauté internationale dans ce domaine.

Les sept Érythréens ont été transférés dimanche depuis Lampedusa. Il s'agissait des derniers survivants à quitter la petite île et son centre de réfugiés surpeuplé, dont les conditions d'accueil ont été critiquées.

Juste après la tragédie, les autorités avaient arrêté le capitaine du bateau de pêche, Khaled Bensalam, un Tunisien de 35 ans, accusé d'homicides multiples.