La Turquie a renvoyé 25 autres hauts responsables de la police, après une première vague d'une cinquantaine de limogeages dans le cadre d'un scandale de corruption qui agite la Turquie, ont rapporté les médias dimanche.

Vingt-quatre personnes ont été inculpées à ce jour, y compris les fils de ministre de l'Intérieur Muammer Guler et du ministre de l'Économie Zafer Caglayan, ainsi que le PDG de la banque publique Halkbank, Suleyman Aslan.

Sérieusement ébranlé par cette tempête politico-financière qui survient à quatre mois des élections municipales, le premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a lancé une purge profonde de la police, une force qu'il avait dans le passé renforcé pour contrer l'influence de l'armée. Aujourd'hui, il reproche aux responsables de la police de ne pas avoir informé leur tutelle politique de l'enquête qui la vise.

Dans la dernière fournée de limogeages figure le chef de la police du district stamboulite conservateur de Fatih, Ertan Ercikti, selon les médias.

Erdogan a déclaré qu'il combattait «un État dans l'État» et décrit l'enquête de corruption comme une opération de dénigrement contre son Parti justice et développement (AKP), au pouvoir depuis 2002.

Le maire de Fatih, Mustafa Demir, a été parmi les personnes arrêtées mardi dans le cadre de l'enquête, mais il a été remis en liberté samedi après interrogatoire.

Les critiques de M. Erdogan l'accusent d'essayer désespérément de protéger ses alliés, et la nomination de Selami Altinok, un gouverneur peu connu et qui n'a pas fait sa carrière dans la police, à la tête de la police d'Istanbul a été vu comme une tentative d'arrêter l'enquête.

Peu de temps après sa prise de fonction, le nouveau chef de la police a interdit aux journalistes d'entrer dans les postes de police dans tout le pays, selon les médias locaux.

Le chef du gouvernement n'a pas dit qui était derrière cette «sale opération» dirigée contre son gouvernement. Mais tous les observateurs ont reconnu dans cette mise en cause la puissante confrérie du prédicateur musulman Fetullah Gülen, très influente dans la police et la magistrature.

Alliée de l'AKP depuis son arrivée au pouvoir en 2002, cette organisation est entrée en guerre contre le gouvernement à cause d'un projet de suppression d'écoles privées.