Les députés français ont adopté mercredi une proposition de loi qui vise à lutter contre la prostitution en France, notamment en pénalisant les clients.

Le texte a été adopté par 268 voix contre 138 et 79 abstentions. Il punit l'achat d'actes sexuels d'une contravention de 1500 euros (environ 2175 $). Avant d'entrer en vigueur, il devra franchir l'étape du Sénat, chambre haute du Parlement, qui devrait l'examiner d'ici à la fin juin.

La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a salué cette adoption comme l'aboutissement d'«un long parcours semé d'embûches à chaque pas».

Le texte s'inspire de l'exemple de la Suède où les clients sont pénalisés depuis 1999, ce qui a réduit de moitié la prostitution de rue en dix ans.

Alternative à l'amende ou sanction complémentaire, un «stage de sensibilisation à la lutte contre l'achat d'actes sexuels» est prévu.

Le texte prévoit par ailleurs des mesures d'accompagnement social et professionnel pour celles qui veulent renoncer à la prostitution. Le gouvernement s'est engagé à mettre 20 millions d'euros (29 millions de dollars) par an sur la table pour financer ce «parcours de sortie de la prostitution».

Globalement, deux politiques sont appliquées en Europe avec plus ou moins de succès : la sanction des clients ou des prostituées, notamment dans les pays nordiques, ou l'organisation de la prostitution, en particulier dans les maisons closes, comme en Allemagne et en Grèce.

Après «l'affaire DSK» - l'ex-directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, avait été accusé d'agression sexuelle le 14 mai 2011 par une femme de chambre d'un hôtel de New York - qui a fait couler beaucoup d'encre au sujet des moeurs d'un pays considéré comme tolérant à l'égard du libertinage, le débat s'est cristallisé pendant des semaines dans la société sur la légitimité des pouvoirs publics à légiférer sur un sujet d'ordre privé, mais aussi sur l'idée selon laquelle les prostituées sont des victimes sous le joug de violents réseaux mafieux.

Dans une société à peine remise de ses divisions sur un autre débat touchant la sexualité, celui du droit au mariage des homosexuels, les «pro» et «anti» pénalisation se sont affrontés à coup de lettres ouvertes et de pétitions allant jusqu'à la provocation sur un sujet tabou alimentant les fantasmes depuis la nuit des temps, entre légalisation des maisons de prostitution en 1804 et fermeture des maisons closes il y a près de 70 ans.