Des milliers de manifestants à Sofia, dont des étudiants et des enseignants, ont crié dimanche leur ras-le-bol du «règne de l'oligarchie», 24 ans jour pour jour après le limogeage du dernier dirigeant communiste, Todor Jivkov.

Les manifestants, 4000 selon une estimation de l'AFP, portaient des banderoles indiquant: «24 ans de simulacre de démocratie: ça suffit», «À bas la mafia», «L'oligarchie interdite» et «Nous restons, à vous (le gouvernement) d'émigrer».

Ils ont défilé en scandant «Démission», «Mafia» et «Vous êtes une honte» devant le Parlement et le siège du gouvernement.

La manifestation était organisée par les étudiants et les enseignants d'une dizaine d'universités, qui protestent depuis deux semaines et tentent de relancer le mouvement, vigoureux avant l'été, contre le gouvernement du technocrate Plamen Orecharski.

Soutenu par les socialistes et le parti de la minorité turque MDL, et tacitement par des ultranationalistes, ce gouvernement, en place depuis la fin mai, est accusé par ses critiques d'être, comme ses prédécesseurs, «lié à l'oligarchie».

Membre le plus pauvre de l'Union européenne, la Bulgarie est secouée depuis le début de l'année par des manifestations populaires qui ont entraîné en février la chute du gouvernement conservateur de Boïko Borissov.

Dans une déclaration publiée samedi, date anniversaire de la chute du Mur de Berlin, les étudiants ont réclamé «un changement radical du système d'éducation», qui devrait former «des personnes indépendantes à l'esprit critique» et non des conformistes, comme ils le dénoncent.

«Nous manifestons contre la pauvreté et le chômage, [...] contre le mépris de l'intérêt public au nom de l'oligarchie. Nous manifestons pour ne pas émigrer [...] Nous protestons avant de devenir des mendiants avec formation supérieure», ont écrit les étudiants.

Un rassemblement marqué par un concert de chants empruntés aux premières manifestations anti-communistes en 1989-1990 était prévu en fin d'après-midi à Sofia.