Le débat qui agite la Belgique sur le bien-fondé de légaliser l'euthanasie des mineurs a rebondi mercredi avec un appel de pédiatres en sa faveur et la mobilisation des chefs religieux mettant en garde contre le risque de «banalisation».

Ces prises de position visent à influencer les parlementaires, qui sont divisés sur l'extension aux jeunes de moins de 18 ans et aux personnes souffrant de démence de type Alzheimer de la loi autorisant depuis 2002 l'euthanasie en Belgique pour les personnes majeures et «conscientes».

Dans une lettre ouverte publiée dans deux journaux, 16 pédiatres appellent les élus à agir en ce sens le plus rapidement possible.

«Chaque décision de fin de vie est un acte d'humanité qui ne peut être posé qu'en toute dernière instance. Pourquoi priver les mineurs de cette ultime possibilité?» s'interrogent les pédiatres, dont certains exercent dans des hôpitaux catholiques.

Ils relèvent la «maturité» observée chez des enfants confrontés à la perspective de la mort. «L'expérience nous apprend qu'en cas de maladie grave et de décès imminent, les mineurs développent très rapidement une très grande maturité, à tel point qu'ils sont parfois plus à même de réfléchir et de s'exprimer sur la vie que des personnes majeures en bonne santé», témoignent-ils.

Des experts auditionnés par le Parlement ont affirmé que l'euthanasie était déjà pratiquée chez des mineurs hors du cadre légal.

Fers de lance de l'opposition à l'euthanasie, les représentants des principales religions ont publié mercredi un communiqué commun pour «une fois encore faire entendre» leurs voix «dans ce débat qui concerne toute la société».

«Nous exprimons notre vive inquiétude face au risque de banalisation croissante d'une réalité aussi grave», s'alarment les chefs des religions catholique, protestante, orthodoxe, musulmane et juive.

«Proposer que des mineurs puissent décider de leur propre euthanasie est une manière de fausser leur faculté de jugement et dès lors leur liberté», écrivent-ils.

«L'euthanasie des personnes fragiles, enfants ou personnes démentes, est une contradiction radicale de leur condition d'êtres humains. Nous ne pouvons dès lors entrer dans une logique qui conduit à détruire les fondements de la société», conclut leur communiqué.

Selon un récent sondage, trois quarts des Belges sont favorables à l'extension de la loi.

Une majorité de partis s'est dégagée en faveur d'une telle modification, mais l'adoption du texte est freinée par l'opposition des formations chrétiennes-démocrates et centristes membres de la coalition gouvernementale. Il n'est donc pas certain qu'il sera voté avant la fin de la législature au printemps prochain.

La Belgique a, en 2012, officiellement enregistré 1432 euthanasies, soit 2 % des décès.