Trente personnes sont allées vendredi au commissariat de Trappes, dans la banlieue ouest de Paris, pour exiger la libération d'un homme arrêté lors du contrôle de son épouse voilée intégralement, avant que des heurts n'éclatent entre des habitants et des policiers, a-t-on appris samedi de sources concordantes.

Lors du contrôle de sa femme jeudi, cet homme avait agressé et tenté d'étrangler un policier, selon le procureur Vincent Lesclous. Il avait été interpellé et placé en garde à vue.

Le lendemain, des personnes «déterminées» et «insistantes» se sont rendues au commissariat pour demander sa libération, selon une source policière. Devant le refus des policiers, les membres de cette délégation sont repartis du commissariat dans une ambiance tendue.

Après leur départ, des appels à manifester ont circulé sur des réseaux sociaux et via des SMS, selon la source policière et une source proche du dossier.

Dans la soirée, environ 250 personnes, réunies devant le commissariat, se sont mises à jeter des pierres en direction du bâtiment et des forces de l'ordre qui avaient fait appel à des renforts.

Jusqu'à 400 personnes auraient participé aux violences durant lesquels deux abribus ont été détruits et des poubelles incendiées, selon la source proche du dossier.

Quatre policiers ont été légèrement blessés durant les affrontements et un adolescent de 14 ans a été grièvement atteint à un oeil par un projectile dont l'origine reste indéterminée selon le procureur de la République.

Vendredi soir, la source proche du dossier et des habitants avaient évoqué un tir de flash-ball.

Six personnes ont été interpellées et placées en garde à vue au commissariat de Trappes à l'issue des échauffourées.

«Je suis étonné et choqué par la tournure que cela a pris et par le niveau de violences, car la ville est calme depuis plusieurs années», a déclaré à l'AFP Guy Malandain, maire socialiste de cette commune de près de 30 000 habitants.

«Pour régler les désaccords, nous avons l'habitude de nous réunir, d'en parler et de chercher des solutions. Notre république ne peut pas accepter des violences comme celles-là qui ne mènent à rien», a-t-il ajouté, disant avoir rencontré de «nombreux habitants mécontents (devant) ces violences inutiles et inattendues».

Erard Corbin de Mangoux, préfet des Yvelines, le département où se trouve Trappes, a fait état d'un «siège» du commissariat de Trappes pendant un peu plus d'une heure, avec des jeunes jetant des pierres en direction du bâtiment et sur les policiers.

Dans un deuxième temps, des «épisodes sporadiques» ont eu lieu avec des dégradations de matériels urbains, notamment des poubelles incendiées et des abribus brisés.

Une loi entrée en vigueur en avril 2011 interdit en France la dissimulation du visage dans l'espace public, sous peine d'amende. Les tenues «interdites dans l'espace public» sont notamment le niqab, voile intégral ne laissant apparaître qu'une fente pour les yeux, et la burqa, vêtement traditionnel en Afghanistan.

Plusieurs incidents ont déjà eu lieu à l'occasion de contrôles par la police de femmes entièrement voilées.