Le président tchèque Milos Zeman a entamé vendredi une série de rencontres avec les chefs des principaux partis pour tenter de résoudre la crise ouverte par la démission du premier ministre Petr Necas à la suite d'un scandale impliquant sa proche collaboratrice.

M. Zeman peut soit nommer un nouveau premier ministre issu des rangs de la coalition sortante de centre droit, soit décider la tenue d'élections législatives anticipées, comme le réclame l'opposition de gauche.

Il a annoncé qu'il ferait connaître sa décision mardi après-midi, lors d'une conférence de presse.

M. Zeman avait lui-même récemment déclaré qu'il préférerait que les législatives se déroulent en même temps que les élections européennes les 24 et 25 mai 2014, afin d'économiser l'argent des contribuables.

Selon les analystes, le président pourrait préférer la continuation de l'actuelle coalition et des élections en 2014, afin de donner du temps à son petit parti SPOZ de remonter dans les sondages et lui permettre l'an prochain d'entrer au parlement.

«S'il veut vraiment mener une politique active comme il le promettait durant sa campagne, il aura besoin d'un soutien au Parlement», a indiqué à l'AFP l'analyste Josef Mlejnek.

Le chef de l'État a d'abord rencontré les représentants du parti de droite ODS et en particulier la présidente de la Chambre basse tchèque, Miroslava Nemcova, candidate de l'ODS pour remplacer le premier ministre démissionnaire.

«L'important pour moi, c'est que l'entretien avec le président a été très constructif et rationnel», s'est félicitée Mme Nemcova, avant de constater que le débat n'a abouti à aucune conclusion concrète.

«Nous respectons depuis le début que c'est le président qui doit décider. Nous attendrons donc sa décision», a dit de son côté le vice-président de l'ODS et ministre de l'Industrie Martin Kuba.

En cas d'approbation de la candidature de Mme Nemcova, 60 ans, par les deux autres partis de la coalition et par le président, elle serait la première femme dans l'histoire du pays à assumer le poste de chef du gouvernement.

Plus tard dans la journée, M. Zeman devait s'entretenir aussi avec les dirigeants de TOP 09, qui forme la coalition sortante avec l'ODS et le LIDEM (centriste).

Le chef de TOP 09 et ministre des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg a annoncé que son parti acceptait Mme Nemcova comme «candidate commune à la présidence du gouvernement» sous certaines conditions.

Au cours du week-end, le président Zeman doit aussi recevoir les représentants du troisième parti de la coalition, le LIDEM, ainsi que ceux de l'opposition sociale-démocrate (CSSD) et communiste (KSCM).

M. Necas et son gouvernement de coalition, qui était au pouvoir depuis juillet 2010, sont tombés lundi à la suite d'un scandale de corruption politique et de moeurs impliquant sa chef de cabinet, Jana Nagyova, sa maîtresse supposée.

Cette dernière a été interpellée la semaine dernière lors d'une vaste opération policière menée par 400 policiers au siège du gouvernement, au ministère de la Défense, et chez des particuliers.

Mme Nagyova a été inculpée de corruption et d'abus de pouvoir, après avoir notamment recouru aux services du renseignement militaire pour une filature illégale de l'épouse de M. Necas dont il vient de divorcer.

Mme Nemcova, qui a été proposée par l'ODS pour remplacer M. Necas au poste de premier ministre, a la réputation d'une personne intègre n'ayant jamais été éclaboussée par un scandale d'aucune sorte.

Selon un sondage de l'agence Median, 55 % des personnes interrogées souhaitent des élections anticipées et 37 % se prononcent pour la formation d'un gouvernement jusqu'au terme normal des élections en mai 2014.

Le CSSD est en tête dans les sondages.