Les manifestations contre le gouvernement bulgare se sont poursuivies dimanche à Sofia et en province, pour le troisième jour consécutif, réclamant la démission du gouvernement de centre gauche dirigé par l'économiste sans étiquette Plamen Orecharski, accusé par les manifestants d'obéir à l'oligarchie.

Le renoncement samedi du député controversé, Delyan Peevski, membre du parti de la minorité musulmane turque (MDL), à la tête de l'Agence nationale de sécurité (DANS), n'a pas entamé la détermination des protestataires, bien au contraire.

Dimanche, ils étaient plus de 10 000 manifestants à Sofia, selon l'AFP. 15 000 selon la police, soit près du double de samedi. Ils scandaient «Démission», «Mafia» devant le siège du gouvernement et du Parlement. Défilant dans le centre-ville, ils ont bloqué la circulation à deux grands carrefours de la capitale.

Des manifestations d'une moindre ampleur se sont également déroulées dans plusieurs villes de province, les protestataires promettant de poursuivre leur mouvement.

Le premier ministre, en place depuis trois semaines, a écarté dimanche l'hypothèse d'une démission, afin d'éviter une déstabilisation du pays. «Une démission serait facile sur un plan personnel, mais serait extrêmement irresponsable en raison d'une nouvelle déstabilisation du pays», a estimé Plamen Orecharski, dans une déclaration.

La Bulgarie risque de ne pas conclure d'accord avec l'Union européenne pour la prochaine période budgétaire (2014-2020) et de perdre des milliards d'euros, a-t-il précisé.

«Nous cherchions une personnalité forte qui puisse combattre avec résolution la contrebande et les pratiques de fraude fiscale. Il s'est cependant avéré que cette candidature était inacceptable pour la société», a admis Plamen Orecharski, invitant des organisations non gouvernementales (ONG) et des manifestants à une rencontre lundi.

«Les protestataires sont des jeunes, éduqués, ils ne veulent pas que l'oligarchie définisse leur avenir», a commenté la politologue Antoaneta Tsoneva, de l'Institut de développement du milieu public.

La tension créée par la nomination de Delyan Peevski, sans expérience, mais lié à un grand groupe de médias et à une banque, a ébranlé la fragile paix sociale établie depuis les élections législatives anticipées du 12 mai, après un hiver marqué par des protestations contre la pauvreté et des immolations par le feu.

Vainqueur des élections, le parti Gerb de l'ancien Premier ministre conservateur Boïko Borissov n'avait pas pu former de coalition.L'économiste Plamen Orecharski a été nommé à la tête d'un gouvernement, ouvertement soutenu par 120 députés socialistes et du MDL sur 240 au total, et tacitement appuyé par les ultranationalistes d'Ataka.