La presse européenne s'interrogeait dimanche sur la viabilité du gouvernement de coalition formé par le premier ministre italien Enrico Lettala après des mois d'impasse politique, ainsi que sur le rôle qu'y jouera l'ancien premier ministre Silvio Berlusconi, dont les alliés ont obtenu des postes-clés.

Le nouveau gouvernement, formé la veille, «présente des caractéristiques paradoxales», souligne le quotidien portugais Diario de Noticias: «il réunit une partie de la gauche et de la droite, avec des personnalités de formations politiques ayant échangé des accusations et des insultes ces dernières années».

Dès lors, «rien ne nous prouve (...) que la sauce prendra face aux réformes importantes qui attendent la République» italienne, s'inquiète La Libre Belgique.

Pour le quotidien espagnol El Pais, «les vraies difficultés ne font que commencer» et le nouveau chef du gouvernement Enrico Letta devra «vaincre le scepticisme de ses camarades de parti et obtenir la confiance de la Chambre des députés et du Sénat, mais aussi s'aventurer à naviguer sur une embarcation faite de débris».

Or, les défis qui attendent le pays sont nombreux: «le gouvernement, qui aura comme mission principale de gérer la crise et le déclin économique de l'Italie, associant des mesures d'austérité et de soutien à la croissance, et de rendre au pays sa crédibilité sur les marchés, est tenu de produire des résultats et de montrer que cette espèce de ''grande coalition'' à l'italienne est viable», selon Diarios de Noticias.

«Finalement, il n'y a que chez Berlusconi que l'on rit», résume La Libre Belgique. Pour El Pais, «le vrai résultat c'est que, une fois de plus, Silvio Berlusconi parvient à s'en tirer», avec notamment la nomination de son homme de confiance, Angelino Alfano, à la vice-présidence du gouvernement.

Pour le quotidien autrichien Kurier, le «Cavaliere» sera une sorte de «premier ministre de l'ombre» car «personne ne peut croire que Berlusconi ne va pas dicter sa loi au sein de cette coalition, où ses proches vont occuper des postes clés».

«Si Letta désobéit, les troupes de Berlusconi s'en iront et de nouvelles élections seront inévitables», pronostique le quotidien autrichien, qui conclut: «pauvre Italie».

Mais la tonalité de la presse européenne n'est pas entièrement négative. Beaucoup saluent le rôle prépondérant joué par le président de la République Giorgio Napolitano, 87 ans, dans la sortie de l'impasse politique. Il est intervenu pour la deuxième fois en deux ans pour «sauver la politique italienne du désastre», selon El Pais.

Pour la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, il apparaît même comme «le père d'une nation divisée», qui «unit l'Italie comme le pape François unit l'Église catholique». Le journal allemand veut voir en Napolitano «la pierre angulaire politique qui peut unir la droite et la gauche».

Enfin, la nomination d'un gouvernement rajeuni, avec une moyenne d'âge de 53 ans, comportant le nombre record de sept femmes, est salué par la presse européenne, notamment El Pais qui y décèle «un arôme d'espoir et de rénovation, et de toast porté à une Italie solidaire et ouverte, incarnée dans le visage noir et souriant de Cecile Kyenge», la ministre de l'Intégration, d'origine congolaise.

«Les vieux hommes blancs ont traditionnellement un rôle dominant dans la politique italienne (...) c'est pourquoi une des grandes nouvelles de samedi est que pour la première fois, il y aura une ministre noire», renchérit le quotidien populaire néerlandais De Telegraaf.