Une série d'audiences préliminaires ont commencé lundi pour déterminer les chefs d'accusation qui viseront dans un futur procès six personnes, dont l'ex-commandant Schettino, poursuivies pour le naufrage du navire Concordia qui avait fait 32 morts en janvier 2012.

L'ex-capitaine du bateau de croisière, le visage fermé et de mauvaise humeur, était présent au tribunal de Grosseto (Toscane), pour assister à une première audience, présidée par le juge Pietro Molino. Le procès lui-même n'est pas attendu avant l'automne prochain.

Au cours de l'audience - la première d'une série de 40 - 200 victimes, associations de défense de l'environnement et institutions dont la mairie du Giglio qui réclame 80 millions d'euros de dédommagement, ont déposé des demandes pour être partie civile. Une nouvelle audience a été fixée à mercredi pour donner le temps aux avocats des six inculpés d'examiner toutes ces requêtes.

Outre l'ex-commandant du navire poursuivi pour homicides multiples par imprudence, abandon de navire et dommages à l'environnement, le tribunal de Grosseto doit analyser les responsabilités de cinq autres membres d'équipage ou dirigeants de Costa (groupe américain Carnival).

Il s'agit notamment du timonier indonésien, Rusli Bin, mis en cause pour ne pas avoir compris les ordres que lui aurait donnés Schettino, ainsi que du chef de la cellule de crise de Costa Croisières, Roberto Ferrarini, qui aurait retardé les opérations de sauvetage.

«Mes clients ont besoin de savoir la vérité: pourquoi un proche est mort cette nuit-là, probablement à cause d'une bêtise, et la faute à qui», a expliqué à l'AFP Massimiliano Valcada, avocat de victimes françaises.

L'enquête a montré que le Concordia qui transportait 4229 personnes, dont 3000 touristes de 70 nationalités différentes, a heurté à grande vitesse un récif devant l'île du Giglio avant de s'échouer à une cinquantaine de mètres de la rive.

Le commandant voulait faire exécuter au paquebot un salut à la côte, tous feux allumés.

La plupart des occupants du navire ont pu gagner la côte grâce à des chaloupes de sauvetage et à l'intervention des secours. Mais 32 personnes, dont une fillette de cinq ans, sont mortes noyées.

Une trentaine d'avocats du collectif «Justice pour le Concordia» ont déposé une plainte lundi contre les conseils d'administration de Costa et sa maison-mère Carnival en demandant un complément d'enquête sur leurs responsabilités dans le naufrage.

Selon l'un des avocats du collectif, Cesare Bulgheroni, le personnel de bord était mal entraîné et la compagnie a trop tardé à déclarer l'abandon du navire, des accusations que Costa a déjà rejetées. Le collectif a demandé à être partie civile et a réclamé 500 000 euros (667 770 $) de dédommagement par passager.

Costa a été condamnée mercredi dernier à verser une amende d'un million d'euros au terme d'une procédure négociée où elle a reconnu sa responsabilité administrative, ce qui devrait lui éviter théoriquement un procès au pénal.

La compagnie a indiqué lundi avoir «trouvé un accord pour une indemnisation avec 80 % des personnes qui étaient sur le navire», selon Alessandro Carella, responsable juridique de Costa Crociere.

La compagnie avait proposé une indemnisation standard de 11 000 euros (environ 14 690 $) pour ceux qui n'étaient ni blessés ni n'avaient perdu de proches. 70 % des passagers et 93 % des membres d'équipage ont négocié une indemnisation personnalisée.

Et «une trentaine de rescapés ont aussi lancé des poursuites en Italie et à l'étranger» devant des tribunaux civils pour obtenir une indemnisation supérieure, selon M. Carella.

L'organisation de consommateurs Codacons qui poursuit aussi Costa a rendu public un rapport qui montre que certains équipements, dont le système de fermeture des portes séparant le navire en compartiments étanches, n'ont pas fonctionné.

Selon l'avocat américain John A. Eaves qui représente environ 150 naufragés, la compagnie «a négligé la sécurité des passagers juste pour augmenter ses profits, cette industrie doit changer de mentalité».

Grosseto est la ville la plus proche du site de la tragédie où le navire fait l'objet d'une opération sans précédent destinée à le redresser, à le faire flotter et à le ramener jusqu'à un port pour le démanteler.