Du fond de sa cellule, le leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, doit faire aujourd'hui une annonce qu'il a qualifiée d'«historique». Plusieurs s'attendent à ce qu'il annonce la fin des hostilités entre son organisation armée et la Turquie, une annonce qui pourrait profondément transformer le pays d'Atatürk. Quatre mots pour comprendre.

Nowrouz

C'est aujourd'hui, à 4h du matin, que les quelque 35 millions de Kurdes qui vivent éparpillés principalement entre quatre pays, soit la Turquie (15 millions), l'Iran (5 millions), l'Irak (4,5 millions) et la Syrie (2,5 millions), célèbrent la Nowrouz, ou le Nouvel An. Cette importante fête, qui coïncide avec l'équinoxe du printemps, est aussi symboliquement la fête du renouveau.

Prisonnier

Détenu depuis son arrestation au Kenya en 1999 et longtemps considéré comme l'ennemi public numéro 1 de la Turquie, le chef du PKK, surnommé Apo, a échappé de peu à son exécution. À l'époque, les négociations d'adhésion à l'Union européenne avaient incité le gouvernement turc à écarter la peine de mort et à condamner Öcalan à perpétuité. Malgré sa détention, Apo tient toujours les rênes du PKK.

Constitution

Ce n'est pas la première fois que le PKK annoncerait un cessez-le-feu unilatéral, mais les circonstances d'une nouvelle annonce sont différentes. L'an dernier, le gouvernement conservateur de Recep Tayyip Erdogan a entamé des pourparlers avec le chef du PKK, une éventualité qu'avaient rejetée tous les autres premiers ministres turcs. Selon des informations relayées par un parti pro-kurde au cours des dernières semaines, il est question de modifier la Constitution turque, qui nie l'existence de la spécificité kurde. En échange, le PKK abandonnerait sa revendication pour un État kurde indépendant. Les régions kurdes du Sud-Est obtiendraient cependant une certaine autonomie.

Kurmanji

Longtemps illégal dans la sphère publique en Turquie, le dialecte kurde le plus répandu dans le pays, le kurmanji, est maintenant enseigné dans les universités et dans les écoles primaires. Il est aussi utilisé dans les médias kurdes. Cette première concession du gouvernement Erdogan, il y a quelques années, avait laissé présager un changement de ton. En 2011, Erdogan avait aussi créé la surprise en présentant les excuses de l'État turc pour le massacre dans les années 30 de 13 000 Kurdes par l'armée turque.

- Avec l'Agence France-Presse, la BBC, Hurriyet Daily News

PHOTO CÉDRIC JOUBERT, AP

Des ressortissants kurdes de France, de Belgique et d'Allemagne ont manifesté à Strasbourg, dans l'est de l'Hexagone, le 16 février, exhibant notamment des banderoles à l'effigie du chef du PKK, pour dénoncer l'assassinat de trois activistes du Parti des travailleurs à Paris, le 9 janvier.