Après deux mois et demi de traitement, Malala, la jeune Pakistanaise blessée par des talibans, a pu quitter l'hôpital britannique où elle était soignée et rejoindre ses proches au Royaume-Uni, mais elle doit encore subir une importante opération prochainement, a-t-on appris vendredi.

L'adolescente est sortie jeudi du Queen Elizabeth Hospital «pour poursuivre sa rééducation au domicile provisoire de sa famille», a indiqué dans un communiqué cet établissement de Birmingham (centre de l'Angleterre) où la jeune fille avait été admise le 15 octobre.

«Son état de santé est suffisamment bon pour qu'elle puisse désormais être suivie en médecine ambulatoire dans les semaines qui viennent», a précisé l'hôpital.

L'adolescente sera de nouveau hospitalisée au même endroit «fin janvier ou début février» pour subir une opération de reconstruction du crâne. Entre-temps, elle devra y retourner régulièrement pour des consultations.

Sur une vidéo diffusée par l'hôpital, on voit Malala vêtue d'une robe grise, un foulard clair sur la tête, quitter sa chambre en tenant par la main une infirmière, en étreindre une autre et saluer d'un petit geste le reste du personnel.

Ces dernières semaines, la jeune fille avait déjà été autorisée par les médecins à rendre visite à son père, Ziauddin, à sa mère, Toorpekai, et à ses jeunes frères, Khushal et Atul, qui se sont installés provisoirement dans la région pour être à ses côtés.

Ces visites ont permis aux médecins de s'assurer qu'elle pourrait continuer à progresser en dehors de l'hôpital, selon la même source.

Vidéo: le reportage d'Associated Press (en anglais)

«Après en avoir discuté avec Malala et l'équipe médicale, nous avons estimé qu'elle bénéficierait du fait d'être chez elle, avec ses parents et ses deux frères», a souligné le Dr Dave Rosser, médecin chef de l'hôpital.

«C'est une jeune fille forte et elle a travaillé dur avec l'équipe qui s'occupait d'elle pour réaliser des progrès importants.»

Selon la presse britannique, le père de l'adolescente a obtenu un emploi au consulat pakistanais de Birmingham. Cet enseignant, ex-directeur d'école, avait déjà été nommé récemment conseiller de l'envoyé spécial de l'ONU chargé de l'éducation, Gordon Brown.

Malala avait été atteinte d'une balle à la tête lors d'une attaque des talibans contre son autobus scolaire le 9 octobre, dans la vallée de Swat (nord-ouest du Pakistan). Les talibans voulaient la punir pour son engagement en faveur du droit des jeunes filles à aller à l'école.

Elle a miraculeusement survécu et a été transférée par avion au Queen Elizabeth Hospital, un établissement réputé pour le traitement des soldats blessés en Afghanistan, où elle a été prise en charge par une équipe pluridisciplinaire.

Pendant son hospitalisation, la jeune fille, devenue une icône de la lutte pour le droit à l'éducation et contre l'extrémisme religieux, a reçu des milliers de messages de soutien du monde entier.

Elle a été devancée seulement par le président américain Barack Obama pour le titre de personnalité de l'année décerné par le magazine Time. Une pétition a été lancée pour demander que le prix Nobel de la paix lui soit attribué.

Le président pakistanais, Asif Ali Zardari, lui a rendu visite pendant son hospitalisation à Birmingham, de même que son ministre de l'Intérieur, Rehman Malik, et le chef de la diplomatie britannique, William Hague.

La jeune fille, qui a déjà reçu le premier prix pour la paix décerné par son pays, s'était fait connaître dès 2009 en signant un blogue sur le site de la BBC dans lequel elle dénonçait les exactions des talibans à Swat.