Plusieurs experts présents aux audiences préliminaires à un procès du commandant du Concordia Francesco Schettino, mis en cause pour le naufrage du paquebot de croisière en janvier, ont réfuté vendredi l'idée qu'il aurait tout fait pour sauver des milliers de vies.

Le capitaine a dit avoir effectué une manoeuvre d'urgence le 13 janvier ayant permis au Concordia, qui transportait 4229 personnes, de venir s'échouer à quelques dizaines de mètres du rivage. En particulier, il a affirmé avoir « jeté les ancres du navire pour le stabiliser et éviter qu'il ne penche vers la droite ».

Selon lui, il aurait effectué cette opération « pour donner le temps aux passagers de descendre du bateau ». La catastrophe a fait 32 morts.

Cette question a été âprement débattue à Grosseto (Toscane), où se tiennent depuis lundi des audiences techniques d'analyse des rapports d'expertises commandés en vue d'un futur procès.

« Il est beaucoup plus probable que la manoeuvre ait été volontaire plutôt que due au hasard », a argué l'un des avocats de Schettino, Francesco Pepe.

Mais Alessandro Belardini, un expert cité aux audiences, a affirmé que « les ancres ne se sont jamais fixées et n'ont eu aucun effet sur l'orientation du bateau. Il s'est retrouvé là seulement sous l'effet de l'élan, du vent et des courants ».

Le rapport de M. Belardini, réalisé pour le cabinet défendant la famille d'un violoniste hongrois mort dans la catastrophe, confirme les analyses des données et enregistrements audios effectuées par d'autres experts.

« Il a été prouvé que le Concordia s'est retrouvé sans électricité (motrice) vers 21 h 48 », trois minutes après la violente collision du navire avec un rocher devant l'île du Giglio (Toscane).

Les enquêteurs cherchent à savoir pourquoi le paquebot voguait si près de l'île à grande vitesse pour une parade tous feux allumés dite de « salut » à la côte (« inchino ») et pourquoi l'évacuation n'a été entamée qu'une heure après la collision.

Jeudi, l'avocat de la compagnie propriétaire du bateau, Costa Croisières, Marco De Luca, a accusé le capitaine Schettino de se décharger sur les autres officiers présents sur le pont de commandement.

« Le code de navigation, le code de procédure, les organisations internationales de tous types soulignent que toutes les décisions sont du ressort du commandant du bateau », a-t-il dit, jugeant « peu honorable » l'attitude de Schettino.

Selon Antonio Langher, avocat de Salvatore Ursino, l'un des cinq officiers sous enquête, Schettino est arrivé trop tard sur le pont de commandement : « Il n'aurait jamais dû prendre ce risque, ou sinon il devait augmenter la surveillance et mettre ses meilleurs hommes » sur le pont.