Le président russe Vladimir Poutine a jugé dimanche que la décision d'un tribunal de condamner à deux ans de camp trois jeunes femmes du groupe punk Pussy Riot, après une «prière» à son encontre dans une cathédrale de Moscou, était «correcte».

«En fait, il est correct qu'elles aient été arrêtées et il est correct que le tribunal ait pris une telle décision. Car il ne faut pas saper les fondements de la morale, détruire le pays. Que nous reste-t-il sinon ?», a-t-il déclaré dans une émission de la chaîne de télévision NTV, qui a déjà été diffusée en Extrême-Orient russe et dont des extraits ont été rendus publics par les agences de presse russes.

L'émission devait être diffusée dimanche soir à Moscou.

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, ont été condamnées le 17 août à deux ans de camp chacune pour «hooliganisme» et «incitation à la haine religieuse», pour avoir chanté en février «Vierge Marie, délivre-nous de Poutine» devant l'autel de la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

Leur procès en appel, qui devait avoir lieu en début de semaine, a été repoussé au 10 octobre.

En août, Vladimir Poutine avait déclaré qu'il n'était pas favorable à un châtiment sévère pour ces trois jeunes femmes. Mais en septembre, à la suite de leur condamnation, il avait ajouté que l'État avait «l'obligation de protéger les sentiments des croyants», estimant que les «Pussy Riot s'étaient livrées à un «sabbat» dans l'église.

Cette affaire a eu un retentissement international. Leur condamnation a été vivement critiquée à l'étranger où elle a été qualifiée de «disproportionnée».

Dans l'interview accordée à NTV, le président russe a cependant tenu à préciser qu'il n'avait rien à voir avec cette condamnation.

«Je n'ai rien à voir avec cela. Elles le voulaient et elles l'ont eu», a-t-il déclaré.

«Ma première réaction avait été de demander aux croyants de leur pardonner, je pensais que cela s'arrêterait là», a dit M. Poutine. Mais l'affaire «est passée au tribunal, et elles ont écopé de deux petites années», a-t-il renchéri, employant un langage familier.

«Deux petites années par ci, cinq petites années par là», a immédiatement ironisé sur son compte Twitter l'avocat et blogueur Alexeï Navalny, un des principaux opposants à Vladimir Poutine.

«Micha a eu huit petites années», a ajouté cette figure de l'opposition, faisant allusion à l'ex-magnat du pétrole russe emprisonné Mikhaïl Khodorkovski.

L'ex-dirigeant du géant pétrolier russe Ioukos, détenu depuis 2003, avait été condamné en 2005 pour escroquerie à grande échelle à huit ans de camp.

Cette peine a été portée à 14 ans en décembre 2010 à l'issue d'un second procès pour vol de pétrole, un total ensuite réduit d'un an en appel, prolongeant ainsi la détention jusqu'en 2016.

Les poursuites contre M. Khodorkovski sont considérées par nombre d'observateurs comme un règlement de comptes orchestré par M. Poutine qui voulait se défaire d'un détracteur riche et puissant.