Un important dispositif policier était déployé samedi dans plusieurs quartiers de Paris par crainte de manifestations après la publication mercredi par l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo de caricatures de Mahomet, mais la situation était calme en début d'après-midi, a constaté l'AFP.

Plusieurs appels à manifester samedi dans les grandes villes françaises ont été relayés via les réseaux sociaux et par SMS, malgré l'interdiction des manifestations par les autorités.

Imams et responsables musulmans avaient appelé au calme vendredi lors de la grande prière. Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls disait n'avoir «pas d'inquiétude» mais avoir donné des «instructions très fermes» pour interdire toute manifestation.

Deux lieux de rassemblement ont fait l'objet de demandes refusées par la préfecture: les alentours de la Grande mosquée, dans le centre de la capitale, et la place du Trocadéro, dans l'Ouest parisien.

À la mi-journée, alors que les fidèles quittaient dans le calme la Grande mosquée après la prière, une quinzaine de fourgons de police ainsi que des voitures banalisées étaient stationnés alentour, a constaté un journaliste de l'AFP.

Place du Trocadéro, des journalistes de l'AFP ont compté une dizaine de voitures de gendarmes mobiles et de police, revêtus de tenues anti-émeutes, protège-tibias et coudières, épaulettes et bâtons.

Devant l'ambassade américaine s'était déroulée samedi 15 septembre une petite manifestation non déclarée de 250 personnes, qui avait donné lieu à l'interpellation d'environ 150 d'entre elles protestant contre le film islamophobe.

Un jeune homme de 24 ans a été condamné samedi midi à trois mois de prison ferme pour participation à un attroupement armé et port d'arme lors de cette manifestation.

Dans son réquisitoire, le procureur Ariane Amson a jugé «troublant» que le prévenu, qui n'était jamais allé auparavant à une manifestation comparable, ait pris avec lui une matraque télescopique.

Le prévenu a quant à lui expliqué qu'il avait pris cette matraque «par prévention» car il craignait que des extrémistes juifs se rendent à cette manifestation pour y perpétrer des violences.

Film islamophobe: nouvelles manifestations antiaméricaines au Pakistan

Des milliers de personnes ont à nouveau manifesté samedi au Pakistan contre le film islamophobe produit aux États-Unis, mais dans le calme cette fois au lendemain de mouvements de protestations qui ont fait 21 morts selon un nouveau bilan, ont rapporté des journalistes de l'AFP.

Dans la capitale Islamabad, plus de 5 000 manifestants ont progressé en direction du Parlement, situé non loin de l'enclave diplomatique très sécurisée qui abrite notamment l'ambassade des États-Unis, aux cris de «Nous aimons notre prophète» ou «Punissez ceux qui ont humilié notre prophète».

À Lahore, la grande ville de l'est, environ 500 militants d'un mouvement islamiste radical ont manifesté devant le consulat des États-Unis, en scandant «Les États-Unis ne méritent qu'une chose: le jihad, le jihad».

Ces manifestations se déroulaient à la mi-journée dans le plus grand calme, selon les journalistes de l'AFP.

Vendredi, après la grande prière, des manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes principalement à Karachi (sud) et Peshawar (nord-ouest) avaient fait 17 morts, essentiellement des manifestants ou des passants. Dans la nuit, quatre blessés sont décédés à l'hôpital, portant le bilan à 21 morts, selon des sources médicales.

Le Pakistan a été, vendredi, dans le monde musulman, le seul foyer de violences graves liées à la diffusion depuis 11 jours sur internet d'un film amateur produit aux États-Unis de piètre qualité et tournant en ridicule Mahomet et l'islam et de la publication dans un journal français de caricatures très crues du prophète.