Deux figures de la droite française, l'ex-premier ministre François Fillon et le secrétaire général du parti UMP Jean-François Copé, devaient s'engager officiellement mardi dans une bataille annoncée comme féroce pour diriger l'opposition à François Hollande.        

Les deux hommes, qui se disputent l'héritage de l'ex-chef d'État Nicolas Sarkozy, semblaient être les seuls à pouvoir déposer avant l'échéance de 20 h (14 h, heure de Montréal) d'au moins 7924 parrainages d'adhérents, requis pour concourir à l'élection du nouveau président du parti.

Tous deux ont la prochaine élection présidentielle française de 2017 en ligne de mire et misent sur la direction de l'UMP pour apparaître comme le futur candidat naturel de l'opposition pour ce scrutin. Seuls les militants ayant leur carte de membre, soit un corps électoral d'à peine 260 000 à 280 000 personnes, éliront leur chef lors d'un congrès le 18 novembre.

Grand favori des sondages auprès des sympathisants UMP, François Fillon, 58 ans, député de Paris, mise pour s'imposer sur sa stature d'homme d'État après cinq ans de pouvoir passés auprès de Nicolas Sarkozy. Il voit le futur congrès de l'UMP comme « une primaire avant l'heure » pour 2017.

Face à lui, Jean-François Copé, 48 ans, député-maire de Meaux, une ville proche de Paris, déconnecte les deux scrutins, présidentiel et pour le parti, en collant au maximum à Nicolas Sarkozy, toujours aussi populaire à droite. Il se pose en « candidat des militants » là où son rival serait celui des « barons ».

Tous les autres prétendants ont jeté l'éponge, n'ayant pas réussi à contourner le lourd obstacle des parrainages.

L'ex-ministre Xavier Bertrand a préféré se réserver pour 2017. Autre ex-ministre de Nicolas Sarkozy et seule femme à avoir voulu concourir jusqu'au bout, Nathalie Kosciusko-Morizet a reconnu mardi n'avoir pas les parrainages nécessaires, tout comme Henri Guaino, ex-conseiller de l'Élysée, et l'ex-ministre Bruno Le Maire.

Aucun ne devrait se précipiter pour soutenir l'un ou l'autre des duellistes.

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« Combat fratricide »

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« On ne va pas choisir quelqu'un derrière lequel on va s'aligner » pour 2017, a affirmé à la chaîne de télévision France 2 Henri Guaino. « Un chef c'est autre chose, le général de Gaulle était un chef, Jacques Chirac s'imposait comme un chef, Nicolas Sarkozy a été un chef » et « il va falloir que nous apprenions à vivre sans chef », a-t-il dit.

Si le vainqueur de novembre marquera incontestablement des points précieux pour le match présidentiel de 2017, le duel qui s'ouvre formellement mardi s'annonce comme un « combat fratricide », comme l'a craint l'ex-ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.

Depuis plusieurs semaines déjà, des attaques sont déjà copieusement échangées entre les deux camps, qui devraient poursuivre dans le même registre pendant encore deux mois, en se rendant coup pour coup.

La guerre psychologique fait rage : les soutiens de François Fillon égrènent chaque jour les ralliements de pointures UMP tandis que ceux qui militent pour Jean-François Copé agitent l'arme des parrainages. Il en revendique 30 000, et assure que M. Fillon n'en aurait que la moitié.

Face à la gauche, les deux hommes risquent aussi la surenchère, comme sur le droit de vote des étrangers aux élections locales.

Reste l'inconnue Sarkozy, fantôme de cette compétition. Dans un sondage LH2-Le Nouvel Observateur publié mardi, l'ex-président est considéré à droite comme le plus apte (40 %) à faire gagner son camp en 2017, devant M. Fillon (32 %) et M. Copé (18 %).