L'ex-premier ministre français Dominique de Villepin a été entendu mardi lors d'une garde à vue à Paris par les gendarmes chargés d'une affaire d'escroquerie présumée, selon une source proche de l'enquête.        

Il est « probable » que le juge d'instruction chargé du dossier demande à entendre ultérieurement M. de Villepin à Strasbourg (est) où l'affaire est suivie, a déclaré à l'AFP le vice-procureur de cette ville, Brice Raymondeau-Castanet. Il a précisé qu'il reviendrait au juge de décider alors de son statut : simple témoin, témoin assisté ou mis en examen (inculpé).

Son audition mardi s'inscrivait dans un dossier visant l'association Relais et Châteaux, spécialisée dans le tourisme.

M. de Villepin, qui fut premier ministre de 2005 à 2007, connaît l'ancien président de Relais et Châteaux Régis Bulot, 64 ans, mis en examen par des juges de Strasbourg pour abus de confiance, escroquerie en bande organisée et blanchiment.

M. Bulot est notamment soupçonné d'avoir, entre 2002 et 2008, détourné 1,6 million d'euros (environ 2 millions de dollars), reversés en liquide par des fournisseurs à qui des prestations avaient été surfacturées.

Il a reconnu ce système de surfacturations, mais nie en revanche avoir mis en place un système de nuitées gratuites au bénéfice d'hommes politiques ou tout financement politique.

Selon des retranscriptions d'écoutes consultées par l'AFP fin 2011, Dominique de Villepin aurait tenté de dissuader le nouveau président de l'association, Jaume Tàpies, qui devait se porter partie civile, d'ébruiter une affaire judiciaire concernant son prédécesseur.

Après avoir déjeuné en janvier 2010 avec M. Tàpies, M. de Villepin s'est vanté par téléphone auprès de M. Bulot d'avoir « fait (à ses interlocuteurs) une trouille dix fois au-dessus de ce qu'ils imaginaient ».

« Il y a une chose que je leur ai fait comprendre... c'est que s'il y avait un intérêt commun à la maison Relais et Châteaux, c'est que rien de tout ce qu'ils m'ont dit ne sorte jamais, ce dont ils sont convaincus », a rajouté celui qui ambitionnait alors encore de se présenter à la présidentielle.

Selon M. Bulot, M. de Villepin n'a pas bénéficié de détournements, que ce soit sous la forme de versements en liquide ou de séjours gratuits. M. de Villepin et son épouse ont notamment séjourné en 2005 dans un Relais et Châteaux en Martinique (Antilles françaises).

Écroué après sa mise en examen, Régis Bulot avait été remis en liberté en juin 2012, après sept mois de détention provisoire.

Dans un communiqué, Dominique de Villepin a protesté de son innocence.

Pendant l'audition, « j'ai pu ainsi redire sereinement, simplement et dans le cadre normal de la procédure que je ne suis en rien impliqué dans le déroulement de cette triste affaire qui touche l'un de mes amis », a-t-il déclaré.

« Au cours de cette audition prévue de longue date, j'ai voulu donner tous les éclaircissements qui m'étaient demandés en marge de l'affaire Relais et Châteaux », a-t-il expliqué.