Abdelkader Merah, frère aîné du jihadiste français Mohamed Merah, a été longuement interrogé lundi sur son rôle présumé dans l'aide à la préparation des tueries et sur l'influence idéologique qu'il a pu avoir sur son cadet.

L'avocat d'Abdelkader, Me Eric Dupond-Moretti, a estimé, après une audition de sept heures, qu'il n'existait aucun élément permettant de dire que le frère du «tueur au scooter» avait aidé ce dernier à préparer les tueries de Toulouse et Montauban et qu'il envisageait donc une prochaine remise en liberté.

«J'envisage de déposer une demande de mise en liberté après que les dernières investigations techniques seront rentrées car à l'évidence il n'y a pas suffisamment d'éléments pour considérer sa participation dans le cadre d'une complicité d'assassinat», a dit Me Eric Dupond-Moretti.

«J'affirme qu'il n'y a pas d'indice pour dire que ce garçon, en toute connaissance de cause, a aidé son frère», a-t-il ajouté.

Abdelkader, 29 ans, n'avait jusqu'ici pas été entendu par les trois juges d'instruction chargés de l'enquête depuis son inculpation fin mars pour complicité d'assassinats, association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme et pour vol en réunion d'un scooter.

Il avait reconnu, lors de sa garde à vue, avoir été présent lors du vol du puissant scooter dont s'est servi Mohamed lors des tueries mais a nié avoir été au courant des projets de son cadet.

Abdelkader Merah «conteste totalement la complicité d'assassinats, qui ne repose sur aucun élément objectif», a dit vendredi à l'AFP Me Eric Dupond-Moretti.

Abdelkader a admis avoir accompagné son frère lors du vol d'un scooter le 6 mars à Toulouse et reconnu avoir assisté à l'achat du blouson porté par son frère au moment des tueries.

La récente déclassification de documents du contre-espionnage a montré par ailleurs que les deux hommes avaient fait l'objet d'une surveillance suivie.

Abdelkader a été répertorié dès 2007 comme membre de la mouvance islamiste radicale, son jeune frère l'étant deux ans après. Il a reconnu devant les enquêteurs avoir été au courant des déplacements de son cadet en Afghanistan et au Pakistan fin 2010.

Le frère aîné a aussi expliqué qu'il avait renoué le dialogue avec Mohamed un mois avant les tueries: «Deux ou trois jours après notre réconciliation, il m'a reparlé du jihad, lui voulait bouger rapidement, trouver un filon rapidement ou faire des coups en France ou à l'étranger».

Mohamed Merah, Franco-Algérien de 23 ans, a assassiné trois enfants et un enseignant juifs dans une école de Toulouse le 19 mars, après avoir abattu trois soldats à Toulouse et à Montauban les 11 et 15 mars. Il a été tué par la police le 22 mars après un siège de 32 heures de son domicile à Toulouse.