Depuis une semaine, Belfast est secoué par des émeutes qui réveillent de très mauvais souvenirs. Les affrontements ont commencé dimanche, quand 350 jeunes loyalistes (protestants) ont attaqué les forces de l'ordre avec des cocktails Molotov, des feux d'artifice et des pièces de maçonnerie, faisant une soixantaine de blessés chez les policiers. Pour certains, ce n'est peutêtre qu'un début. Avec le centenaire de la Convention d'Ulster anti-indépendantiste qui approche à grands pas, la situation pourrait bien s'aggraver

Sectarisme

Catholiques et protestants sont en froid en Irlande du Nord depuis au moins 300 ans. Les premiers nationalistes souhaitent l'indépendance du pays, les seconds loyalistes veulent rester attachés à la Grande- Bretagne. Ce conflit sectaire, qui est à la fois politique, religieux et culturel, a été marqué par de nombreuses violences au cours du XXe siècle. Il a connu ses heures les plus sombres pendant les fameux «troubles», qui ont fait plus de 3500 morts entre 1968 et 1998. Selon un récent sondage du Belfast Telegraph, 42 % des Nord-Irlandais se considèrent actuellement comme irlandais, 39 % comme britanniques et 18 % comme irlandais du Nord.

Accords du Vendredi saint

Signé le 10 avril 1998, le «Good Friday Agreement » mettait fin à 30 ans de guerre en Ulster. L'accord prévoyait entre autres la création d'un Parlement (assemblée) d'Irlande du Nord avec égale représentation des catholiques et des protestants, ainsi que le désarmement de groupes paramilitaires comme l'IRA. Ce premier pas vers la paix a permis de calmer le jeu. Mais les divisions restent profondes et les affrontements sectaires n'ont jamais cessé.

Fanfares

Le 12 juillet, une fanfare loyaliste a défilé devant la chapelle catholique St-Patrick à Belfast, en interprétant The Famine Song, une chanson ridiculisant les catholiques. Ce geste provocateur est à l'origine des violences qui secouent actuellement l'Irlande du Nord. Tradition bien implantée, les fanfares sont devenues de véritables instruments politiques et sont régulièrement exploitées à des fins partisanes, surtout chez les protestants. Non, la musique n'adoucit pas toujours les moeurs.

Célébrations

Le 29 septembre prochain, un important défilé loyaliste est prévu à Belfast pour souligner le centenaire de la Convention d'Ulster, une vaste pétition anti-indépendantiste signée en 1912. La police craint que ces célébrations ne remettent le feu aux poudres. À plus long terme, on commémorera dans moins de deux ans les 100 ans de la Première Guerre mondiale et également, en 2016, le centenaire de la fameuse insurrection de 1916, quand le peuple irlandais s'était rebellé contre l'occupant britannique. Avec ces centenaires controversés à l'horizon, les prochaines années s'annoncent délicates en Irlande du Nord.

Avec la collaboration de Gavin Foster, professeur d'histoire au département d'études irlandaises de l'Université Concordia