L'ETA a subi mercredi un nouveau coup avec l'arrestation en France de Mugica, un militant accusé d'un projet d'assassinat de l'ancien chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar, au moment où les interpellations se multiplient dans les rangs du groupe armé séparatiste basque.

Juan Maria Mugica Dorronsoro est tombé lors d'une opération menée par la police française et la Garde civile espagnole près de Pau, dans le sud-ouest de la France.

Agé de 54 ans, il est accusé d'avoir participé à l'organisation, en 2001, de ce qui devait être l'un des faits d'armes les plus retentissants de l'ETA: l'assassinat de José Maria Aznar, chef du gouvernement de l'époque, via le lancement de missiles contre son avion lors d'un voyage au Pays basque espagnol.

Mais les armes n'avaient pas fonctionné et le projet avait échoué.

Avec cette arrestation, ce sont sept membres de l'ETA qui ont été interpellés depuis le 26 juin, en France, à Londres et au Pays basque espagnol. Soit 18 depuis le début de l'année, selon le ministère de l'Intérieur.

Déjà très affaibli, le groupe basque avait annoncé le 20 octobre 2011 qu'il renonçait à la violence, après plus de 40 ans d'attentats pour l'indépendance du Pays basque et de la Navarre, qui ont fait 829 morts.

Juan Maria Mugica Dorronsoro avait échappé, en janvier 2010, à une opération policière menée à Lizartza, au Pays Basque espagnol.

Il faisait l'objet depuis cette date d'un mandat d'arrêt européen, et est accusé d'avoir fait partie d'un commando chargé de transporter des missiles qui devaient servir à l'attentat contre José Maria Aznar.

Aznar, chef du gouvernement de 1996 à 2004, a de longue date fait partie des cibles de l'organisation: en 1995, alors leader de l'opposition, il avait échappé à un attentat à la voiture piégée.

Selon une source policière française, Mugica a été arrêté mercredi à 14H30 (12H30 GMT), à Mauléon, dans les Pyrénées-Atlantiques, près de la frontière espagnole, alors qu'il circulait en voiture.

Il devait être remis à la justice française.

Parmi les récentes arrestations, figurent d'autres membres considérés comme des militants «historiques» de l'ETA, comme Antonio Troitino Arranz, 55 ans, arrêté le 29 juin à Londres et accusé d'avoir fait partie du «commando Madrid», responsable des attentats parmi les plus meurtriers de l'ETA.

Alors que le nombre de ses militants en liberté était estimé à moins d'une centaine en fin d'année dernière, l'ETA refuse toujours de se dissoudre, comme le réclament avec force l'Espagne et la France.

«Le message est très clair. Nous irons les chercher, où qu'ils soient», a assuré jeudi le directeur général de la Police, Ignacio Cosido, avant même l'arrestation de Mugica.

«Les terroristes de l'ETA seront arrêtés un par un jusqu'à la disparition totale» du groupe, a-t-il ajouté.

En préalable à tout calendrier de désarmement, l'ETA réclame l'amnistie pour ses prisonniers, au nombre d'environ 700 dans les prisons espagnoles et françaises, ce que refuse catégoriquement l'Espagne.

Mais alors que la majorité des membres de l'ETA sont désormais sous les verrous, et malgré l'intransigeance affichée par Madrid, cette question des prisonniers est inévitablement devenue le coeur de toute amorce de solution au Pays basque.

Les récentes arrestations «n'empêchent pas que le processus continue à avancer et que de nouvelles mesures soient annoncées dans un futur proche, tant de la part de la gauche indépendantiste que du gouvernement, comme par exemple le rapprochement de prisonniers à moyen terme», relève le journaliste Gorka Landaburu.

Pendant ce temps, sur le terrain politique, la gauche indépendantiste basque, qui s'est démarquée de la violence, poursuit son avancée.

Alors que se profilent pour 2013 les élections régionales au Pays basque, la justice espagnole a ainsi légalisé le 20 juin un parti indépendantiste, Sortu, interdit l'an dernier parce qu'il était issu de Batasuna, la vitrine politique de l'ETA, illégale depuis 2003.