Avec deux députés, dont la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, le Front national (FN) fait son retour à l'Assemblée nationale française, où il était absent depuis 1998, mais la patronne du parti d'extrême droite Marine Le Pen a été battue dans le Nord de la France.

Un demi-siècle après Jean-Marie Le Pen, élu à l'Assemblée nationale en 1956, un autre membre de la dynastie Le Pen a décroché dimanche un siège.

Marion Maréchal-Le Pen, étudiante en droit de 22 ans, petite-fille de Jean-Marie et nièce de Marine Le Pen, a été élue à Carpentras (sud-est) et sera la plus jeune députée de France.

Elle a été élue à l'occasion d'une «triangulaire» en devançant un candidat de la droite et une candidate socialiste qui avait refusé de se retirer pour faire barrage au Front national malgré les consignes de son parti.

«L'objectif est atteint très largement, elle est encore au-dessus de l'estime que j'avais d'elle», s'est félicité son grand-père.

Marion Maréchal-Le Pen siégera au côté du médiatique avocat Gilbert Collard, élu également lors d'une triangulaire dans le sud-est de la France, place forte de l'extreme droite depuis 25 ans.

«Je compte faire entendre la voix d'un peuple qui en a assez. J'aurai une mission de casse-couilles démocratique», a déclaré M. Collard.

Bien que le FN ne comptera que «deux ou trois élus» comme elle l'a reconnu, la présidente du Front national Marine Le Pen a salué «un énorme succès» et «des scores spectaculaires» pour son parti.

Elle est en revanche tombée de haut dans le nord en échouant de justesse à 49,9% des voix dans un duel contre son adversaire socialiste à Hénin-Beaumont, sur les terres déshéritées d'un bassin minier, où elle avait pourtant obtenu plus de 42% des voix au premier tour.

Hormis 1986, où 35 députés FN étaient entrés à l'Assemblée à la faveur d'un éphémère mode de scrutin à la proportionnelle, le parti d'extrême droite n'avait jusqu'ici remporté que trois sièges dans son histoire à des législatives au scrutin majoritaire.

«On doit se demander si ce mode de scrutin est démocratique», a affirmé le porte-parole du FN, Florian Philippot, alors que le président François Hollande a promis l'introduction d'une dose de proportionnelle pour les législatives de 2017.

Le FN a bénéficié de la dynamique créée lors de l'élection présidentielle. Marine Le Pen avait réalisé le score de 17,9% au premier tour, puis son parti avait obtenu 13,6% des voix au premier tour des législatives.

Le Front national aura aussi et surtout réussi lors de ces législatives à provoquer un débat à droite sur une éventuelle alliance électorale qui ne devrait que s'amplifier à l'avenir.

«Une recomposition de la vie politique est en marche», a assuré Marine Le Pen qui entend à présent «réunir autour du Front national une grande force d'alternative au socialisme».

Le FN a été servi par la stratégie de la droite qui a choisi de ne pas faire barrage à ses candidats.

L'abandon par la droite du principe du «Front républicain», qui consistait à se désister au profit du candidat adverse le mieux à même de battre celui du Front national, au profit du «ni-ni» (ni FN, ni gauche) avait été salué comme «une avancée appréciable» par Marine Le Pen.

Le FN peut aussi se réjouir d'une autre victoire: l'accélération de l'effritement des digues idéologiques séparant la droite classique de l'extrême droite, initiée par la campagne électorale très droitière du président sortant Nicolas Sarkozy, battu le 6 mai par le socialiste François Hollande.

Plusieurs candidats du parti de droite UMP ont ouvertement souligné pendant leur campagne leur convergence avec le FN sur des «valeurs», comme «la maîtrise de l'immigration» ou «le refus de l'assistanat».