Réputée de droite, la circonscription États-Unis-Canada pourra-t-elle basculer à gauche au deuxième tour de ces élections législatives françaises d'un genre nouveau? C'est ce qu'espère la candidate du camp Hollande, Corinne Narassiguin, qui a recueilli plus de 39% des suffrages lors du premier tour.

«Raisonnablement optimistes». Sans crier victoire, la socialiste Corinne Narassiguin croit en ses chances de l'emporter. Avec une campagne entamée il y a plus d'un an et demi, la jeune femme de 37 ans, installée à New York, a pris la bataille très au sérieux. Pour la première fois, les Français installés au Canada et aux États-Unis peuvent élire un député. Avec des scores favorables à droite aux élections présidentielles, cette circonscription Amérique du Nord a souvent été perçue comme un fief naturel de la droite.

«Nous avons toujours cru que c'était possible, mais nous savions que ce serait très difficile pour la gauche dans cette circonscription. Nous avions toujours pensé que tout était affaire de mobilisation et que ce serait le candidat qui arriverait à mobiliser le plus qui l'emporterait. C'est pour ça que j'ai commencé très tôt, que j'ai fait beaucoup de déplacements et que j'ai pris beaucoup de temps pour être disponible par internet. Je crois que [mon résultat] c'est le fruit de ce travail», dit-elle.

Face à elle, Frédéric Lefebvre a amassé 22,07% des suffrages au premier tour. Mais l'ancien secrétaire d'État de Nicolas Sarkozy, qui se présente sous la bannière de l'UMP, parti de l'ancien président, pourrait bénéficier du report de voix de ses adversaires issus de la dissidence de droite: Julien Balkany, Antoine Treuille ou encore Émile Servan-Schreiber. Pour lui, rien n'est encore joué.

«Vous avez l'air de considérer comme ça que les élections sont faites, parce que comme d'habitude, les sondages disent que tout est fait, mais c'est aux Français de décider», dit cet ancien proche de Nicolas Sarkozy.

La composition de l'Assemblée nationale déterminera les couleurs du prochain gouvernement. Au premier tour, la gauche a totalisé plus de 46% des voix. Mais une cohabitation entre un président de gauche et un gouvernement de coalition n'est pas un scénario improbable, pour M. Lefebvre.

«Il ne faut pas que les Français aient peur de la cohabitation, nous ne voulons pas d'une France déséquilibrée ou tous les pouvoirs seraient dans les mains d'un seul parti: la présidence, le gouvernement, l'assemblée, le sénat, les régions, les départements, les grandes villes. On ne veut pas d'une France bloquée», explique-t-il.

Chose certaine, ce nouveau scrutin n'a pas suscité une mobilisation: par l'internet, la participation en Amérique du Nord a été de 12,47%, contre 14,04% au premier tour. Les inscrits sur les listes consulaires peuvent aussi voter aux urnes demain.

LES LÉGISLATIVES EN CHIFFRES

L'Assemblée nationale compte 577 sièges, dont 11 réservés à des députés de l'étranger.

Au premier tour, le Parti socialiste a recueilli environ 35% des suffrages, et leurs alliés écologistes, 5%.L'UMP et ses alliés, de 34% des voix.

Avec 13,6% des voix, le parti d'extrême droite Front national est présent dans 61 circonscriptions au deuxième tour.

Selon les sondages, les socialistes recueilleraient dimanche prochain entre 283 à 329 sièges.