La situation judiciaire de Dominique Strauss-Kahn pourrait empirer, après la décision du parquet de Lille (nord de la France) d'ouvrir une enquête sur des faits «susceptibles d'être qualifiés de viol en réunion» en lien avec l'affaire de proxénétisme impliquant l'ex-directeur du Fonds monétaire international (FMI).

Les faits supposés se seraient déroulés entre le 15 et le 18 décembre 2010, quand il était encore à la tête du FMI. Ils ont été relevés par les juges d'instruction chargés de cette affaire de proxénétisme aggravé et auraient été commis pendant une soirée dans la capitale américaine à laquelle participait notamment DSK.

Le parquet a indiqué lundi avoir ordonné une enquête «conformément à l'usage» et l'avoir confiée à la police judiciaire de Lille.

Il avait été saisi le 28 mars - soit deux jours après la mise en examen (inculpation) de Dominique Strauss-Kahn pour «proxénétisme aggravé en bande organisée dans l'affaire dite de l'hôtel Carlton de Lille - par les juges d'instruction, pour des faits de «viol en réunion».

Ces faits font suite aux témoignages de deux prostituées belges ayant séjourné à Washington en décembre 2010 en compagnie de Dominique Strauss-Kahn et de plusieurs de ses amis, les chefs d'entreprise Fabrice Paszkowski et David Roquet, ainsi que le commissaire de police Jean-Christophe Lagarde, également mis en examen.

Ces témoignages avaient été recueillis par les policiers belges en décembre dernier, dans le cadre d'un accord avec la justice française.

L'une de ces prostituées - qui n'a toutefois pas porté plainte - indique y avoir subi au cours d'une soirée le 16 décembre 2010 certains actes sexuels de manière non consentie. «Je n'ai pas hurlé, mais j'ai clairement dit à haute voix que je ne voulais pas», avait déclaré la jeune femme.

Revenant sur cette audition, elle a déclaré à l'hebdomadaire Le Point avoir eu «l'impression que les policiers (lui) avaient retourné la tête. Ils ont tout fait pour me tirer les vers du nez», a-t-elle dit.

L'enquête devra éclaircir ce qui s'est passé pendant ce voyage. Interrogée par le quotidien Le Parisien le 13 mai, l'autre escorte belge, présente dans la même chambre, a déclaré de son côté que si sa collègue «avait vraiment et clairement dit non», elle serait «intervenue, bien sûr».

Les avocats français de Dominique Strauss-Kahn ont accusé lundi justice et médias d'être «mus par une volonté acharnée conduisant à la perte d'un homme», après l'ouverture à Lille d'une enquête préliminaire pour viols en réunion dans le cadre de l'affaire du Carlton.

«Cette enquête établira que Dominique Strauss-Kahn n'a jamais commis des faits de violence ni eu quelque relation que ce soit sans le consentement de ses partenaires», ont assuré dans leur communiqué les avocats de DSK, Frédérique Baulieu, Richard Malka et Henri Leclerc.

Les enquêtes préliminaires sont toujours placées sous la responsabilité du parquet. À l'issue de cette enquête, le parquet pourra décider de classer sans suite cette partie de l'affaire, ou au contraire de la confier à des juges d'instruction pour qu'ils poursuivent les investigations.

Début mai, les avocats de Dominique Strauss-Kahn avaient nié que l'ancien chef du FMI se fût rendu coupable de «la moindre violence, de quelque nature que ce soit», et assuré que dans cette affaire «les déclarations faites par les jeunes femmes étaient contradictoires».

Un viol en réunion est passible de vingt ans de réclusion.

Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, était en passe de devenir le principal candidat de gauche à la présidentielle d'avril-mai 2012 en France lorsque les accusations de tentative de viol portées par une femme de chambre de Manhattan avaient conduit à son arrestation à New York le 14 mai 2011.Â

Il avait peu après démissionné de son poste au FMI et renoncé à sa candidature aux fonctions de chef de l'État en France.

DSK a depuis bénéficié d'un non-lieu au pénal dans l'affaire. Une procédure civile est toujours en cours.