Des centaines de Slovaques ont manifesté dans plusieurs villes du pays, vendredi, pour dénoncer la corruption des élus à la veille des élections parlementaires.

Plus de 1000 personnes ont manifesté à Bratislava, la capitale, et des centaines d'autres se sont rassemblées dans les principales villes du pays. Les organisateurs ont appelé les Slovaques à ne pas voter pour les partis politiques établis qui, affirment-ils, sont impliqués dans un scandale.

Après le rassemblement à Bratislava, environ 300 manifestants ont lancé des pierres, des oeufs et des bananes aux policiers, qui se sont servi de gaz lacrymogènes pour repousser la foule et l'empêcher d'entrer dans le Parlement. Une dizaine de personnes ont été arrêtées.

En décembre, un dossier qui aurait été compilé par les services de renseignement slovaques est apparu sur Internet, suggérant que le groupe financier Penta aurait versé des pots-de-vin à des élus du gouvernement et de l'opposition en 2005 et 2006 pour remporter de lucratifs contrats de privatisation.

La police enquête sur ces allégations, mais les services de renseignement n'ont pas confirmé l'authenticité du document. Le groupe Penta et les politiciens nommés dans le document ont nié toute malversation.

Selon le dossier diffusé sur Internet, un ancien ministre de l'Économie aurait notamment reçu l'équivalent de 10 millions d'euros (13 millions $ CAN) pour son assistance.

«Je n'ai jamais vu une telle chose de toute ma vie», a dit Jozef Granec, 86 ans, au sujet du scandale. «Je dois survivre avec une pension de 330 euros (435 $) par mois.»

Les analystes estiment que les Slovaques pourraient boycotter les élections en signe de protestation, prédisant un taux de participation d'à peine 40 pour cent.

Tom Nicholson, qui a écrit un livre au sujet du scandale, a estimé que le boycottage des urnes n'était pas une solution. «Plutôt que de rester à la maison et de se plaindre, je pense qu'il est très important que les gens sortent pour aller voter», a-t-il dit lors d'une entrevue avec l'Associated Press.

Une cour slovaque a interdit la publication du livre à la demande du groupe Penta. L'auteur a interjeté appel et attend une décision d'ici le début du mois d'avril.

Il a dit espérer que la police dépose de premières accusations dans cette affaire dès la semaine prochaine. «Je sais que les gens se sentent frustrés, fâchés et dégoûtés, mais il semble que ce désordre soit sur le point d'être nettoyé, ce qui est une bonne chose», a-t-il dit.

Le scandale a ébranlé la vie politique slovaque déjà tumultueuse. L'Union démocrate et chrétienne slovaque de la première ministre Iveta Radicova, dont les réformes économiques ont permis à la Slovaquie d'entrer dans l'Union européenne et l'OTAN, semble être le parti le plus touché par les allégations.

Les sondages suggèrent que l'ancien dirigeant populiste Robert Fico pourrait revenir au pouvoir à l'issue des élections de samedi.