Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a estimé mercredi que faute d'interlocuteur, un dialogue avec l'opposition russe n'était pas possible, et a démenti des rumeurs selon lesquelles il pourrait revenir au Kremlin avant même la présidentielle du 4 mars.

L'opposition qui a organisé la manifestation ayant rassemblé 70 000 à 100 000 personnes le 24 décembre à Moscou n'a «pas de programme commun et il n'y a là personne à qui parler», a déclaré M. Poutine, cité par les agences russes.

Interrogé par des journalistes qui lui demandaient avec quel interlocuteur il pourrait dialoguer parmi les opposants qui ont participé aux rassemblements des 10 et 24 décembre à Moscou, M. Poutine a ajouté: «écoutez, je ne sais même pas qui était là-bas».

Alors que le pays est confronté à un mouvement de contestation sans précédent depuis son arrivée au sommet du pouvoir en 2000, M. Poutine affirmé qu'il était favorable au dialogue mais pas avec des «extrémistes».

«Nous n'étions jamais contre le dialogue avec l'opposition, mais nous sommes contre toute forme d'extrémisme», a souligné M. Poutine, sans plus de précisions.

La manifestation du 24 décembre a réuni des représentants de mouvements d'opposition de tous bords, allant de l'extrême-gauche à l'extrême-droite.

Mardi, M. Poutine avait minimisé l'importance de ce mouvement de contestation et opposé une fin de non-recevoir aux appels de l'opposition à annuler les résultats des législatives controversées du 4 décembre.

Les opposants réclament des élections libres en Russie et l'annulation du scrutin remporté le 4 décembre par le parti Russie unie de M. Poutine, émaillé de fraudes selon les opposants et les observateurs. Il est à l'orgine de cette mobilisation exceptionnelle.

Le premier ministre, candidat à la présidentielle de mars, avait déjà dénigré à plusieurs reprises les opposants, les accusant notamment d'être à la solde des Occidentaux et les comparant à la tribu de singes du Livre de la Jungle.

M. Poutine a par ailleurs rejeté mercredi les spéculations selon lesquelles il pourrait revenir au Kremlin avant la présidentielle du 4 mars, à la faveur d'une démission de Dmitri Medvedev.

«Nous n'avons pas parlé de cela», a déclaré M. Poutine en référence à ces rumeurs. «Il n'y a aucun raison faire ça».

Certains médias et experts avaient avancé un tel scénario, estimant que le régime russe pourrait faire ce choix pour se durcir face au mécontentement de la rue.

Après deux mandats de président, de 2000 à 2008, M. Poutine avait cédé sa place à M. Medvedev, faute de pouvoir briguer un troisième mandat consécutif, selon la Constitution.