La police italienne a porté un coup très dur à la mafia napolitaine, la Camorra, avec l'arrestation mercredi de Michele Zagaria, le chef de son principal clan, les Casalesi, rendu célèbre par le livre de Roberto Saviano, Gomorra, et le film du même nom.

Michele Zagaria, recherché depuis plus de 15 ans, a été arrêté là où il se cachait, dans un bunker d'une surface de 50 m2 dissimulé en dessous d'une habitation à Casapenna, près de Caserte, dans la région de Naples, au cours d'une opération ayant impliqué environ 150 policiers.

«L'arrestation de Michele Zagaria est un très grand succès pour l'État. Il s'agit d'un coup dur porté non seulement au clan des Casalesi, mais à toute l'organisation de la Camorra», s'est félicité la ministre de l'Intérieur Anna Maria Cancellieri.

«C'est une belle journée pour la Campanie», la région de Naples, «et pour toutes les personnes honnêtes», a commenté le chef du gouvernement Mario Monti, ajoutant que c'est aussi «un encouragement à tous ceux qui dans le pays luttent contre la criminalité organisée».

L'arrivée de Zagaria au commissariat de Caserte a été accueillie par des cris de joie des policiers et des saluts adressés à la foule.

La Camorra, dont le clan des Casalesi est la principale composante, est l'une des quatre mafias italiennes, avec la Cosa Nostra (Sicile), la Ndrangheta (Calabre) et la Sacra Corona Unita (les Pouilles).

Le clan des Casalesi, dont Michele Zagaria était le chef incontesté, a un chiffre d'affaires annuel évalué par la direction nationale antimafia (DIA) à quelque 30 milliards d'euros (40,6 milliards de dollars).

«Vous avez gagné, l'État a gagné», a déclaré Michele Zagaria aux magistrats après son interpellation.

«Aujourd'hui est une belle journée, mais la lutte contre la criminalité dans les affaires est encore longue», a pour sa part réagi Roberto Saviano.

Michele Zagaria, 53 ans, accusé d'association de malfaiteurs de type mafieux, de meurtre, d'extorsion et de vol à main armée, était inscrit sur la liste des dix fugitifs les plus dangereux d'Italie. Il était aussi visé depuis 2000 par un mandat d'arrêt international.

Il avait déjà été condamné à trois reprises par contumace à la peine de réclusion à perpétuité, une fois en 2008 et deux fois en 2010.

«Je remercie toutes les forces de l'ordre, on m'avait promis cette arrestation et la promesse a été tenue», a déclaré le procureur général de Naples, Giovandomenico Lepore, qui part à la retraite vendredi après avoir passé sept ans à la tête de ce parquet.

Le nom du clan des Casalesi provient de la ville de Casal di Principe, son fief, où une opération de la police a conduit mardi à l'arrestation d'une cinquantaine de personnes appartenant ou liées à deux familles du clan.

Michele Zagaria, surnommé «Capastorta» (visage tordu), était considéré comme le dernier grand fugitif du clan. Spécialisées dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, ses entreprises obtenaient des marchés dans toute l'Italie.

«Depuis 2001» sur le territoire contrôlé par le clan des Casalesi, «en ce qui concerne les grosses extorsions, quel que soit l'endroit où elles avaient lieu et quelle que soit la famille qui le contrôlait, l'argent arrivait de toute manière à Michele Zagaria qui le redistribuait ensuite entre toutes les factions», a récemment déclaré un mafieux repenti, Emilio di Caterino.

La Camorra est une nébuleuse de plusieurs dizaines de familles dont les activités -qui vont au-delà des frontières italiennes- concernent le trafic de drogue et d'armes, la prostitution, le racket, ou encore le trafic de déchets toxiques, les travaux publics et la grande distribution.

Selon un comptage de Roberto Saviano, la Camorra a fait 3600 morts depuis 1979 et a donc «tué plus que n'importe quelle organisation, fait plus de victimes que l'ETA et l'IRA réunies, plus que la mafia russe, les familles albanaises, les Brigades rouges et tous les attentats commis en Italie pendant les années de plomb».

Photo: Reuters

Michele Zagaria, 53 ans, accusé d'association de malfaiteurs de type mafieux, de meurtre, d'extorsion et de vol à main armée, était inscrit sur la liste des dix fugitifs les plus dangereux d'Italie. Il était aussi visé depuis 2000 par un mandat d'arrêt international.