Les électeurs de l'Ossétie du Sud ont élu dimanche le «président» de cette petite région rebelle géorgienne pro-russe, sous l'oeil attentif de Moscou qui en a reconnu l'indépendance après la guerre de 2008, au cours du deuxième tour qui s'annonce serré.

Arrivé en tête de justesse au premier tour le 13 novembre avec 25,44% des voix, le ministre local des Situations d'urgence et candidat favori de Moscou, Anatoli Bibilov, affrontait une ancienne ministre de l'Éducation, Alla Djioeva, qui avait recueilli 25,37%.

Selon un premier sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote par l'École supérieure d'économie, dont le siège est à Moscou, et l'Institut social de marketing, M. Bibilov remporterait la «présidentielle» avec 53% des suffrages.

Les bureaux de vote ont clôturé à 16h GMT (11h, heure de Montréal) et les résultats officiels doivent être annoncés lundi à 5h GMT (0h, heure de Montréal).

La participation au second tour a été supérieure à 60%.

Selon des analystes, la lente reconstruction de la région après les importants dégâts causés par la guerre d'août 2008 qui a transformé l'Ossétie du Sud en un protectorat de Moscou aurait coûté des voix à M. Bibilov.

«L'avenir de la république doit être aussi radieux qu'il l'est aujourd'hui», a déclaré M. Bibilov dans le bureau de vote où il a glissé son bulletin dans l'urne, selon l'agence locale.

Ancien militaire sorti de l'école russe de parachutistes de Riazan, M. Bibilov est soutenu ouvertement par Moscou et par le dirigeant sortant, Edouard Kokoïty, qui ne pouvait briguer un troisième mandat.

Le président russe, Dmitri Medvedev, a rencontré M. Bibilov la semaine dernière dans le sud de la Russie, affichant ainsi son soutien au candidat sud-ossète avant le deuxième tour de scrutin.

Au cours de la campagne, M. Bibilov a défendu l'idée d'une adhésion de l'Ossétie du Sud à la Fédération de Russie et la réunification avec l'Ossétie du Nord, république russe.

De son côté, M. Kokoïty s'est dit convaincu que son successeur serait M. Bibilov, après avoir déclaré dans une interview au quotidien russe Komsomolskaïa Pravda qu'il était «exclu» qu'une femme puisse remporter le scrutin.

«Nous avons de bonnes relations avec les femmes dans notre société. Mais le Caucase, c'est le Caucase», a-t-il estimé, les femmes étant très faiblement représentées en politique dans cette région du monde.

Quelle que soit l'issue du scrutin, le nouveau «président» ne sera reconnu que par la Russie et quelques États lointains.

Les Occidentaux et l'immense majorité de la communauté internationale considèrent toujours l'Ossétie du Sud comme faisant partie du territoire géorgien, au même titre que l'Abkhazie, autre région rebelle reconnue par Moscou après le conflit de 2008.

Il s'agit de la première élection organisée en Ossétie du Sud depuis la reconnaissance de son indépendance par Moscou.

Selon les autorités séparatistes, la région est peuplée d'environ 70.000 habitants, mais de leur côté les autorités géorgiennes évoquent quelque 15.000 habitants.

La Géorgie, qui dénonce une occupation de l'Ossétie du Sud par la Russie et qui est candidate à une entrée dans l'OTAN, a qualifié ce scrutin d'illégitime.

L'Ossétie du Sud, comme l'Abkhazie, est indépendante de facto depuis un conflit armé au début des années 1990, et Tbilissi n'a pas réussi à en reprendre le contrôle pendant la guerre éclair avec la Russie en 2008.