Une enquête menée à Bari autour d'un scandale sexuel centré sur le premier ministre italien Silvio Berlusconi s'est conclue jeudi par l'inculpation de huit personnes accusées d'avoir fourni des prostituées au Cavaliere dans l'espoir d'obtenir des contrats, des postes ou des contacts hauts placés.

Le parquet de Bari (sud) a déposé ses conclusions en annonçant des poursuites notamment contre l'entrepreneur Giampaolo Tarantini ainsi que Sabina Began, surnommée «la reine mère» et considérée comme la recruteuse d'une sorte de harem au service de M. Berlusconi.

Les huit personnes mises en cause sont toutes poursuivies pour incitation et exploitation de la prostitution au bénéfice de M. Berlusconi mais aussi de l'ex-vice-président de la région des Pouilles, d'un banquier et d'un cadre du groupe Finmeccanica, selon les médias italiens. Le chef du gouvernement n'est pas poursuivi, utiliser les services de prostituées n'étant pas un délit en Italie.

L'enquête, qui concerne la participation de jeunes femmes à des soirées en 2008 et 2009 dans les résidences de M. Berlusconi à Rome et en Sardaigne avait, défrayé la chronique en juin 2009 avec la révélation par Patrizia D'Addario, l'une des escortes invitées, d'enregistrements audio d'une nuit torride avec le Cavaliere.

Selon le parquet, Tarantini, son frère, Began et les cinq autres poursuivis aussi pour association de malfaiteurs visant à la corruption jouaient les entremetteurs afin d'obtenir de M. Berlusconi et d'autres participants aux soirées, des postes officiels, des mises en relation d'affaires avec des groupes et des sociétés publics, dont la protection civile ou Finmeccanica.

Selon le parquet, au moins 30 jeunes femmes ont été amenées par Tarantini dans les résidences de M. Berlusconi et une bonne partie d'entre elles se sont prostituées avec le chef du gouvernement. Les suspects rémunéraient les «call-girls», les défrayaient de leurs voyages et séjours et les instruisaient sur «le comportement à avoir et les finalités» des soirées.

Une partie des jeunes femmes sont aussi apparues dans le scandale Rubygate où M. Berlusconi est jugé depuis le 6 avril à Milan pour prostitution de mineure et abus de pouvoir. Le Rubygate concerne des parties fines organisées près de Milan dans une villa de M. Berlusconi entre janvier et mai 2010.

M. Tarantini a été arrêté le 1er septembre sur ordre du parquet de Naples sous le soupçon d'avoir extorqué, avec un complice Valter Lavitola, plus de 800 000 euros (plus d'un million de dollars)  à M. Berlusconi pour, en échange, mentir dans l'enquête menée à Bari.

La cote de popularité du Cavaliere au plus bas

La cote de popularité de Silvio Berlusconi, affaibli par l'adoption de deux plans d'austérité draconiens, a continué de s'effondrer pour atteindre un minimum historique de 24% en septembre, selon un sondage publié jeudi.

24% des Italiens disent faire «très» ou «assez» confiance au Cavaliere, contre 29% lors du dernier sondage en juin, selon l'institut IPR Marketing qui a effectué cette enquête sur un échantillon de 1000 personnes pour le quotidien La Repubblica (gauche).

Le pourcentage de ceux qui ont «peu» ou «pas du tout» confiance dans le président du Conseil a en parallèle grimpé à 64% contre 60% en juin, selon le sondage effectué le 13 septembre.

Silvio Berlusconi paye visiblement le prix de deux plans d'austérité adoptés successivement en juillet et en août par son gouvernement pour remettre de l'ordre dans les comptes publics. Ceux-ci comprennent des mesures draconiennes avec une hausse de la TVA ainsi que pour les futurs retraités et les employés de l'administration publique qui voient leurs conditions de travail ou d'accession à la retraite particulièrement durcies.

Le Cavaliere subit également les conséquences des diverses enquêtes judiciaires et de scandales sexuels dans lesquels il est impliqué.

Silvio Berlusconi avait enregistré son meilleur résultat, avec une cote de confiance de 62% en octobre 2008, quelques mois après son arrivée au pouvoir, en avril de la même année, entamant par la suite une lente descente aux enfers, avec 48% en janvier 2010 puis 40% en janvier 2011.

Le gouvernement enregistre aussi son plus mauvais résultat avec 19% de satisfaits, en baisse de 4% par rapport au mois de juin, tandis que le pourcentage des mécontents atteint les 65%, en hausse de 4% sur la même période.

L'IPR relève aussi que la gauche enregistre 44% des intentions de vote contre 37,5% à la droite, un écart de 6,5 points qui a augmenté de trois points en faveur de la gauche entre juin et septembre.