Le procès de l'ancien président français Jacques Chirac, notamment poursuivi pour «détournement de fonds publics» aura bien lieu à Paris, mais il se déroulera sans lui: le tribunal l'a autorisé lundi à être représenté par ses avocats, en raison de ses problèmes de santé.

«La comparution personnelle ne sera pas ordonnée», a annoncé le président de la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Dominique Pauthe, à l'issue de la première journée d'audience.

Les débats sur le fond commenceront mardi après-midi, a-t-il ajouté.

M. Chirac, chef de l'État de 1995 à 2007, est notamment poursuivi pour «détournement de fonds publics» quand il était maire de Paris et risque jusqu'à dix ans de prison. Il lui est reproché d'avoir organisé un système d'emplois fictifs payés par la Ville de Paris.

M. Pauthe avait auparavant cité le rapport médical qui lui a été transmis vendredi par Jacques Chirac, qui aura 79 ans en novembre, et évoquant, selon lui, des «troubles sévères de la mémoire» et «d'importantes erreurs de jugement et de raisonnement».

Le tribunal n'a pas jugé utile d'ordonner une contre-expertise.

La fille adoptive de Jacques Chirac, Anh Dao Traxel, a affirmé lundi à l'AFP que l'ex-président ne l'avait «pas reconnue», au mois de février dernier, lorsqu'elle l'avait rencontré devant chez lui. C'est un «vieil homme malade», a-t-elle dit.

Des articles de presse ont décrit Jacques Chirac comme fatigué à son arrivée début août en vacances à Saint-Tropez, dans le sud-est de la France, mais il avait néanmoins signé par la suite des autographes et posé avec les touristes.

Premier ancien président de la République à être renvoyé en correctionnelle, M. Chirac, protégé par son immunité présidentielle pendant ses 12 ans à l'Élysée (1995-2007), doit être jugé pour des faits remontant au début des années 1990, lorsqu'il était maire de Paris (1977 à 1995).

Il est soupçonné d'avoir permis que des personnes travaillant pour son parti, le RPR (ancêtre de l'UMP, le parti de l'actuel président Nicolas Sarkozy), ou occupant des emplois de complaisance soient rémunérées par la mairie de Paris.

Il n'a cessé de récuser l'existence d'un «système organisé».

En mars, le procès avait été ajourné en raison d'un recours constitutionnel soulevé par un autre accusé. Mais la Cour de cassation l'avait rejeté, permettant de reprogrammer les débats.

Renvoyé pour «détournement de fonds publics», «abus de confiance» et «prise illégale d'intérêt», Jacques Chirac encourt dix ans de prison et 150 000 euros d'amende. Mais le parquet avait requis un non-lieu pendant l'instruction et devrait logiquement demander sa relaxe.

La ville de Paris a renoncé à se porter partie civile à la suite d'un accord d'indemnisation conclu avec l'UMP et Jacques Chirac, l'indemnisant à hauteur de 2,2 millions d'euros.

La défense de Jacques Chirac a contesté lundi la présence au procès de l'association anticorruption Anticor et de plusieurs particuliers en tant que parties civiles. Mais le tribunal a reporté jusqu'à l'issue du procès sa décision sur ce point.

Anticor a cité comme témoin le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, condamné en 2004 dans l'un des deux volets de cette affaire en tant qu'ancien adjoint de M. Chirac à la mairie de Paris. Le tribunal a proposé de l'entendre le 15 septembre.

Le procès de Jacques Chirac et de ses neuf coprévenus doit s'achever le 23 septembre.