Le suspect de crimes de guerre nazis le plus recherché au monde, le Hongrois Sandor Kepiro, est mort samedi à l'âge de 97 ans.

Il avait été accusé de complicité de crimes de guerre commis lors d'une rafle en janvier 1942 à Novi Sad, en Serbie, mais avait été acquitté par un tribunal de Budapest en première instance, en juillet, faute de preuves.

Le parquet avait fait appel du verdict contre cet ancien capitaine de la gendarmerie hongroise qui figurait en tête de la liste des suspects du centre Simon Wiesenthal de recherche des criminels nazis. Il est finalement décédé à Budapest, a déclaré sa famille, citée par l'agence de presse MTI.

Il avait été libéré le 18 juillet au terme d'un procès de deux mois procédant lentement à cause du grand âge de l'accusé qui n'entendait le juge qu'avec l'aide d'un appareil et qui n'arrivait plus à maintenir sa concentration plus d'une heure ou une heure et demie.

«Ce procès a surtout révélé des inquiétudes et des doutes, mais pas des faits», avait indiqué le juge Bela Varga dans ses conclusions, en soulignant que la cour acquittait Sandor Kepiro «non pas sur la base d'absence d'acte criminel, mais par manque de preuve».

Sandor Kepiro était inculpé de complicité de crimes de guerre commis lors d'une rafle entre les 21 et 23 janvier 1942 à Novi Sad, territoire aujourd'hui serbe, alors annexé par la Hongrie alliée de l'Allemagne nazie.

Au moins 1200 civils, juifs et serbes, y avaient péri.

L'accusé, visiblement de plus en plus faible lors du procès, répondait personnellement de la mort de 36 personnes dont il aurait ordonné l'exécution, selon l'accusation. Juriste de formation, il a toujours clamé son innocence.

«Je suis innocent, je n'ai jamais tué personne, je n'ai jamais volé quoi que soit, j'ai servi mon pays. Je suis revenu en Hongrie en 1996 parce que pour moi, la vie n'avait pas de sens sans la Hongrie», avait-il dit lors de sa dernière prise de parole.

Le parquet hongrois, qui avait requis au minimum une peine de prison ferme contre l'accusé, avait fait appel du verdict.

«Le verdict est infondé, il y a des incohérences dans le raisonnement, par conséquent j'interjette appel», avait déclaré le procureur Zsolt Falvai après la lecture des attendus qui a duré huit heures.

Kepiro était hospitalisé depuis mi-juillet, il s'était d'ailleurs rendu à son verdict depuis l'hôpital, une perfusion dans le bras. Il n'a pas assisté à la fin de la lecture des attendus, le juge ayant autorisé son absence en raison de son état de santé.

À Belgrade, le procureur serbe pour crimes de guerre, Vladimir Vukcevic, s'est déclaré samedi déçu par le fait que Kepiro soit mort sans que la justice ait été rendue aux victimes de la rafle de Novi Sad.

«Nous regrettons que la vérité n'ait pas été établie en justice concernant ce crime et que la justice n'ait pas été rendue aux victimes», a déclaré M. Vukcevic cité par l'agence serbe Tanjug.

L'acquittement en première instance avait provoqué le mécontentement non seulement du centre Wiesenthal qui avait qualifié le verdict de «scandaleux» mais aussi en Serbie où, fin juillet, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté.

Répondant à l'appel de l'Association pour la mémoire de l'Holocauste, des manifestants s'étaient rassemblés à Belgrade et à Novi Sad, réclamant un nouveau procès.

Avec celui de Kepiro, un des derniers grands procès pour crimes nazis avait été celui de John Demjanjuk, 91 ans, condamné en mai en Allemagne à 5 ans de prison