Le contre-espionnage français a bien examiné les appels téléphoniques passés par un journaliste du Monde pour tenter d'identifier ses sources dans l'affaire Bettencourt, assure le quotidien dans son édition parue jeudi.

Selon Le Monde, qui dénonce une «violation de la loi sur le secret des sources», la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a effectué une recherche des facturations détaillées des appels téléphoniques passés par leur collaborateur Gérard Davet, entre le 12 et le 16 juillet 2010.

Une information judiciaire avait été ouverte le 13 mai après la plainte du quotidien Le Monde pour «violation du secret des sources» et confiée à un juge d'instruction.

Le Monde avait alors accusé l'Élysée d'avoir sollicité les services du contre-espionnage pour identifier le ou les informateurs de son journaliste travaillant sur l'affaire Bettencourt, vaste scandale politico-financier.

Sur la base de relevés téléphoniques, David Sénat, un conseiller du cabinet de la ministre de la Justice de l'époque, Michèle Alliot-Marie, avait dû quitter ses fonctions, soupçonné d'avoir été une de ces sources.

Selon Le Monde, les gendarmes chargés de l'enquête ont rapidement fourni au juge deux télécopies de réquisition adressées par la DCRI à l'opérateur de téléphonie Orange.

La première réclame les factures téléphoniques détaillées liées au téléphone portable (numéro des correspondants, heure de tous les appels entrants et sortants et leur géolocalisation) de Gérard Davet, entre le 12 et le 16 juillet 2010.

Ces réquisitions ont ainsi été ordonnées, écrit le quotidien, juste après la révélation par Le Monde, dans son édition du 18 juillet 2010, du contenu des déclarations à la police de Patrice de Maistre, l'homme de confiance de la milliardaire Liliane Bettencourt, héritière des cosmétiques L'Oréal. Le gestionnaire de fortune y mettait en difficulté Éric Woerth, alors ministre du Travail de Nicolas Sarkozy, qui l'aurait incité à recruter son épouse.

La seconde réquisition concerne la liste des appels passés par David Sénat, soupçonné d'être la «source» du Monde.

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a confirmé jeudi que la DCRI avait bien réalisé des «repérages de communications téléphoniques, ce qui est tout à fait différent d'écoutes». M. Guéant a ajouté qu'il «s'agissait de rechercher l'auteur de la divulgation à l'intérieur de l'administration de procédures judiciaires, ce qui est tout à fait scandaleux».