Le rôle de Coco Chanel durant la dernière guerre, période pendant laquelle elle est accusée dans une nouvelle biographie d'avoir été une espionne nazie, conserve «une part de mystère», mais «on ne peut pas laisser dire» que la couturière était antisémite, a assuré mardi le groupe Chanel dans des déclarations transmises à l'AFP.

Chanel, toujours détenu par la famille Wertheimer, réagissait à la parution aux États-Unis du livre Sleeping with the enemy, Coco Chanel's secret war (Au lit avec l'ennemi, la guerre secrète de Coco Chanel) du journaliste Hal Vaughan.

Celui-ci affirme notamment que Coco Chanel, amoureuse d'un officier allemand, le baron Hans Gunther von Dincklage, avait été recrutée en 1940, à 57 ans, comme agent secret du régime nazi.

La maison Chanel, rappelant que 57 biographies ont déjà été écrites sur la couturière, admet que «ce n'était pas la meilleure période pour vivre une histoire d'amour avec un Allemand, même si le baron von Dincklage était anglais par sa mère et qu'elle l'avait connu avant-guerre».

«Par ailleurs, ajoute le groupe, il semblerait que Mlle Chanel se soit rapprochée de Winston Churchill pour jouer les intermédiaires entre les Alliés et les Allemands dans la perspective d'un accord de paix, "l'opération Modelhut". Que s'est-il exactement passé ? Quel rôle a-t-elle voulu jouer ? Les versions sur ce point divergent et il reste une part de mystère».

«Quant à son supposé antisémitisme, non, on ne peut pas laisser dire cela», assure la maison Chanel: «Aurait-elle accepté de nouer des relations avec la famille propriétaire ou aurait-elle eu des amis d'origine juive parmi ses intimes et ses relations professionnelles tels que la famille Rothschild, le photographe Irving Penn ou l'écrivain français Joseph Kessel si elle avait réellement eu cette posture? On peut en douter».

La nouvelle biographie assure aussi que Coco Chanel a cherché par ses contacts avec les nazis à prendre le contrôle du parfum Chanel, dont elle ne possédait qu'une petite part, le reste appartenant aux frères Wertheimer.

Certes, reconnaît le groupe, «dès la création de la Société des parfums Chanel en 1924, ses relations avec la famille propriétaire connurent des hauts et des bas».

«Gabrielle Chanel était une femme de caractère, comme beaucoup de créateurs, elle ne s'était jamais totalement résignée à avoir cédé ses droits de fabriquer et de vendre ce qu'elle considérait comme "ses" parfums. Et quand l'occasion de pouvoir profiter d'une loi lui permettant de reprendre ses parfums, "son oeuvre", s'est présentée, elle l'a saisie et a d'ailleurs échoué», raconte le groupe.

«Cela n'a finalement pas entaché ses relations avec la famille propriétaire, puisqu'elle lui cédera sa Maison de Couture dans les années cinquante», ajoute le groupe, qui dit n'avoir pas encore pu lire la nouvelle biographie.