Le président français Nicolas Sarkozy a interrompu ses vacances mercredi pour présider une réunion de crise sur l'économie et promettre pour le 24 août des mesures de réduction du déficit public, jugées indispensables pour conserver à la France sa note «triple-A».

Nicolas Sarkozy a quitté sa villégiature de Cap Nègre, sur la Côte d'Azur, où la famille de son épouse Carla Bruni possède une maison, pour réunir au palais de l'Elysée ses principaux ministres. Le chef du gouvernement François Fillon a lui aussi interrompu ses vacances en Toscane (nord de l'Italie).

«Les engagements de réduction du déficit des comptes publics sont intangibles et seront tenus quelle que soit l'évolution de la situation économique», a déclaré Nicolas Sarkozy, cité par un communiqué de la présidence.

Sous l'oeil des marchés, qui se sont effondrés ces deux dernières semaines, et après le choc de la dégradation de la note de la dette américaine vendredi dernier, les nouvelles propositions de réduction des déficits français feront l'objet d'un premier examen le 17 août.

«Les décisions définitives seront prises le 24 août lors d'une réunion que tiendra le Président avec le Premier ministre, le ministre de l'Economie (François Baroin) et la ministre du Budget (Valérie Pécresse)», a précisé l'Elysée. Elles seront mises en oeuvre dans le budget 2012, présenté en septembre.

Ces annonces n'ont pas empêché la Bourse de Paris de terminer en chute de 5,45% mercredi, au terme d'une séance noire, plombée par des rumeurs de dégradation de la note de la France, malgré les démentis rapides du gouvernement et de l'agence Fitch.

Le gouvernement s'est engagé à réduire son déficit public, qui s'élève à 5,7% du Produit intérieur brut (PIB) cette année, à 4,6% l'an prochain, et 3% en 2013.

Tenir ces objectifs sera crucial pour conserver sa note «AAA», décernée par les agences d'évaluation financière aux émetteurs de dette les plus fiables. Pour certains analystes, la France pourrait être le prochain pays à subir une dégradation de sa note, synonyme de taux d'intérêt plus élevés sur les emprunts d'État.

L'adoption de mesures de rigueur s'annonce compliquée et douloureuse à l'approche de l'élection présidentielle d'avril et mai 2012, et alors que la croissance économique montre des signes évidents d'essoufflement. Des coupes dans les dépenses, mais aussi des hausses d'impôts paraissent difficiles à éviter.

«Nous supprimerons des niches (exonérations) fiscales parce que nous n'augmenterons pas les impôts», a déclaré mercredi Valérie Pécresse sans préciser quelles niches étaient visées.

De plus, Nicolas Sarkozy n'a pas réussi à obtenir le soutien de l'opposition socialiste pour voter la «règle d'or», c'est à dire l'inscription dans la Constitution de l'objectif d'équilibre budgétaire.

Dimanche, le président français et la chancelière allemande Angela Merkel avaient réitéré dans un communiqué «leur engagement à mettre en oeuvre pleinement» les mesures de l'accord de sauvetage de la Grèce et de l'ensemble de la zone euro conclu à Bruxelles le 21 juillet.

Ils avaient insisté sur la nécessité d'une application rapide des mesures décidées à ce sommet, notamment le renforcement des possibilités d'aide aux pays fragiles via le Fonds européen de stabilité financière (FESF), un mécanisme doté d'une capacité effective de prêts de 440 milliards d'euros.

La pression est très forte sur les pays de la zone euro pour accélérer les procédures parlementaires d'adoption de ces mesures.

La France, qui préside cette année les G7 et G20, a annoncé une session extraordinaire de son Parlement du 6 au 8 septembre pour lui soumettre un projet de loi de finances rectificative entérinant l'accord européen.