La Russie a mis à exécution sa menace et interrompu mercredi ses livraisons d'électricité au Bélarus, pays confronté à une crise économique majeure et qui n'a pas réussi à régler sa dette à l'échéance, a annoncé le monopole russe de l'électricité InterRao.

«Nous avons interrompu nos livraisons au Bélarus à partir de 0h heure de Moscou» (16h mardi, heure de Montréal), a annoncé à l'AFP Anton Nazarov, porte-parole d'InterRao.

«Dès que l'argent sera versé, nous rétablirons les livraisons dans un délai de 24 heures», a-t-il ajouté.

Cette coupure ne devrait toutefois pas trop affecter le Bélarus, les livraisons russes représentant 10% de l'électricité consommée dans le pays.

La Russie, qui convoite les plus beaux actifs du Bélarus et lui a imposé d'engager un important programme de privatisations en échange d'un crédit pour l'aider à sortir de la crise, avait posé un ultimatum à Minsk, exigeant qu'il lui rembourse une partie de sa dette.

Début juin, Minsk devait à Moscou 37 millions d'euros(52 millions de dollars).

Mardi, le vice-premier ministre russe Igor Setchine a indiqué que cette coupure n'avait «aucune motivation politique».

«C'est uniquement lié à des processus de marché: l'électricité doit être payée», a-t-il dit.

InterRao avait déjà coupé début juin et pendant six jours ses livraisons au Bélarus, avant la conclusion d'un compromis.

Le Bélarus, un pays de dix millions d'habitants à l'économie dirigiste, est confronté à sa plus grave crise financière depuis l'arrivée au pouvoir du président Alexandre Loukachenko en 1994. Il doit faire face à un déficit commercial abyssal et à une pénurie de devises.

La Communauté économique eurasiatique, qui regroupe six républiques ex-soviétiques dont la Russie, a octroyé un crédit de trois milliards de dollars sur trois ans à Minsk, dont la première tranche de 800 millions de dollars a été reçue par le Bélarus le 21 juin.

Mais en échange de ce crédit, la Russie avait posé comme condition au Bélarus d'engager un programme de privatisations d'au moins 7,5 milliards de dollars.

Moscou est au premier rang pour acquérir les plus beaux actifs du Bélarus, d'autant que l'Europe et les États-Unis ont imposé des sanctions à Minsk en raison de la répression orchestrée par le régime à l'encontre de l'opposition, dont plusieurs chefs ont été emprisonnés depuis la présidentielle de décembre.

Le Bélarus a aussi obtenu un crédit d'un milliard de dollars de la Chine et s'est adressé au Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt allant jusqu'à 8 milliards de dollars.