Le gouvernement néerlandais a douché jeudi les espoirs d'une intégration rapide de la Roumanie et de la Bulgarie à Schengen, en exigeant une période de probation d'au moins un an pour s'assurer de leur capacité à contrôler les frontières de l'espace sans passeport de l'UE.

«Il est encore trop tôt pour prendre une décision (sur l'entrée de ces deux pays) et cela va sans doute prendre un peu de temps avant que nous soyons en mesure de le faire», a averti le ministre de l'Immmigration Gerd Leers, au lendemain d'un vote du Parlement européen en faveur de l'adhésion rapide de Bucarest et Sofia, membres de l'UE depuis 2007.

Or, l'unanimité des 26 membres de l'espace Schengen est requise pour l'intégration de tout nouveau membre.

Trois pays de l'UE, le Royaume-Uni, l'Irlande et Chypre sont restés hors de cet espace, auquel ont adhéré en revanche la Suisse, la Norvège, l'Islande, et le Liechtenstein, pays non membres de l'Union.

M. Leers a expliqué la position de son gouvernement à ses homologues européens au cours d'une réunion à Luxembourg.

Les réserves des Pays-Bas sont partagées par la France, l'Allemagne, la Suède, la Finlande et le Danemark.

Elles concernent la capacité des deux candidats à lutter contre une corruption qui mine selon eux leur aptitude à lutter contre le crime organisé et à assurer un réel contrôle de leurs frontières contre l'immigration illégale et les trafics.

«L'Allemagne veut s'assurer que la situation dans les deux pays se normalise et s'améliore, surtout en ce qui concerne la corruption, la sécurité juridique et l'État de droit», a déclaré jeudi le ministre allemand Hans-Peter Friedrich.

«Force est de constater qu'il n'y a pas d'unanimité pour accepter l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie. On verra si c'est possible un peu plus tard», a reconnu pour sa part le ministre belge, Melchior Wathelet.

Les deux candidats pâtissent d'un manque de confiance de leurs partenaires, dont beaucoup estiment qu'ils sont entrés trop tôt dans l'UE car pas assez préparés.

«Nous demandons aux nouveaux pays de contrôler effectivement nos frontières communes», a expliqué le ministre néerlandais.

Les gouvernements de l'espace Schengen attendent un rapport que la Commission européenne doit publier en juillet 2011 sur l'état des réformes menées dans les deux pays en matière de justice et de lutte contre la corruption.

«Nous allons étudier attentivement ce rapport», a indiqué M. Leers avant de souligner que la décision de son gouvernement prendrait «un peu de temps».

Les ministres français et allemand de l'Intérieur Claude Guéant et Hans-Peter Friedrich ont également convenu «d'attendre la publication de ce rapport avant de prendre une décision», a indiqué la délégation allemande.

«Les gouvernements de l'UE ne veulent plus prendre les engagements des candidats pour argent comptant», a commenté un responsable de la Commission.

La France a ainsi demandé la mise en place d'un «dispositif de suivi» pour l'intégration de la Croatie à l'UE, afin de s'assurer que ce pays continue à remplir les critères d'adhésion après le bouclage des pourparlers.

Un suivi similaire est demandé pour l'intégration de la Bulgarie et de la Roumanie à Schengen.

Il consisterait en une période de probation d'un an à compter de la publication du rapport de la Commission en juillet prochain pour s'assurer que la capacité technique des deux candidats à remplir leurs obligations est devenue réalité sur le terrain.

Cette exigence renvoie l'adhésion à la publication du nouveau rapport de la Commission en juillet 2012, une date souvent évoquée par les autorités françaises.