L'épidémie, qui a fait au moins deux morts et a été provoquée par une bactérie décelée notamment dans des concombres espagnols, s'étendait vendredi en Allemagne, mais l'Espagne refusait d'être montrée du doigt.

Baptisée E.coli enterohémorragique (Eceh), cette bactérie a déjà causé la mort de deux personnes et en a gravement contaminé 276 en Allemagne, selon un bilan de l'Institut Robert Koch (RKI), établissement fédéral chargé du contrôle sanitaire et de la lutte contre les maladies.

Trois cas de morts suspectes étaient également répertoriés par des offices sanitaires régionaux, mais pas encore confirmés par le RKI.

Propagée notamment par la consommation de légumes crus, elle peut provoquer de simples diarrhées ou des diarrhées hémorragiques, jusqu'à des atteintes rénales sévères voire mortelles appelées syndrome hémolytique et urémique (SHU).

Jeudi, la Commission européenne avait appelé les personnes ayant récemment fait un séjour en Allemagne à être vigilants en cas de symptômes de la maladie, du fait de sa propagation rapide. Des cas suspects en Suède, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas chez des personnes ayant récemment voyagé dans ce pays sont en cours d'examen.

Et vendredi, la Suisse a fait état d'un premier cas probable: une femme de retour d'un séjour en Allemagne du Nord était apparemment atteinte de la même souche de bactérie, mais n'avait pas souffert de complications. La Russie, qui n'a pour l'instant recensé aucune victime, a annoncé qu'elle pourrait interdire les importations de légumes allemands.

Les autorités sanitaires allemandes avaient identifié jeudi trois concombres en provenance d'Espagne comme vecteurs de transmission de la bactérie, et un autre dont l'origine demeure encore inconnue.

Depuis, une enquête est en cours en Andalousie, où sont installées les deux sociétés productrices de ces légumes, à Malaga et Almeria. Mais jusqu'ici, aucun cas de contamination n'a été détecté en Espagne.

Cependant, la ministre espagnole de l'Agriculture, Rosa Aguilar, est intervenue pour défendre son pays. Aucun indice «ne prouve» que la contamination des concombres ayant véhiculé la transmission d'une bactérie vienne d'Espagne, a-t-elle dit.

«On ne sait pas où a pu se produire la contamination et la Commission européenne a mis en avant le fait qu'elle a pu se produire en dehors du pays d'origine» des concombres, a-t-elle ajouté.

Et de s'insurger: «le fait que l'Espagne a été directement montrée du doigt dans cette affaire peut provoquer des «dommages irréparables pour le secteur». «Notre niveau de sécurité et de qualité est extraordinairement élevé», a-t-elle poursuivi.

La ministre allemande de l'Agriculture et de la Protection des Consommateurs, Ilse Aigner, a l'intention de s'entretenir au téléphone vendredi avec Mme Aguilar, a indiqué son porte-parole, au cours d'un point de presse. Actuellement, «on peut seulement faire des conjectures sur les causes de l'épidémie», a-t-il reconnu.

Étant donné la rapidité de la propagation de la maladie, les autorités sanitaires allemandes déconseillent la consommation de tomates, de concombres et de salades crus, et particulièrement ceux en provenance d'Allemagne du Nord.

Une mise en garde qui tombe au plus mal pour les agriculteurs, alors que le printemps et l'été sont généralement les périodes de grande consommation de crudités.

Les producteurs de légumes allemands ont fait état d'un manque à gagner de deux millions d'euros par jour. Et selon le regroupement des agriculteurs du Nord de l'Allemagne, les ventes et la consommation de concombres, tomates et salades ont «chuté de 90%».