L'extrême droite française était en nette progression dimanche au premier tour d'élections locales, dernier scrutin avant la présidentielle de 2012, marquées par une abstention record, le bon score de la gauche et une déroute de la droite, selon une estimation de la chaîne de télévision privée LCI.

Selon cette estimation, le Parti socialiste (PS) arrive largement en tête avec environ 30% des voix contre moins de 20% à l'UMP de Nicolas Sarkozy et de 15 à 17% pour le Front national (FN) de Marine Le Pen. Aux régionales de 2010, le FN avait obtenu 11,74% des voix.

Avec les 8 à 10% chacun réalisés par le Front de gauche (formation à gauche du PS) et les écologistes, la gauche serait aux alentours des 50%.

L'abstention a atteint un niveau record, 55% selon les estimations, à ces élections cantonales destinées à renouveler la moitié des élus des départements.

L'élection, qui ne passionnait déjà guère les Français, a été en outre éclipsée ces derniers jours par la catastrophe japonaise et par l'action militaire internationale en Libye dans laquelle la France est fortement impliquée.

Actuellement, la gauche est majoritaire dans 58 départements, la droite dirigeant les 42 autres. Dans une vingtaine de départements, les majorités sont fragiles, à moins de cinq sièges, et pourraient basculer le 27 mars au second tour de cette élection.

Mais pour les partis, ce scrutin était surtout la dernière occasion de mesurer leurs forces 13 mois avant la présidentielle.

Le score du Front national était au centre de l'attention, même si paradoxalement le parti a peu de chances d'avoir des élus du fait du mode de scrutin, majoritaire à deux tours.

Plusieurs sondages pour la présidentielle ont donné récemment Nicolas Sarkozy éliminé dès le premier tour de l'élection, arrivant derrière Marine Le Pen et le candidat socialiste, surtout si celui-ci est Dominique Strauss-Kahn, actuellement directeur général du Fonds monétaire international.

«Le Front national enregistre une très forte poussée. C'est la première marche d'un grand renouveau auquel nos compatriotes aspirent», s'est félicité Marine Le Pen qui s'est, elle, fortement impliquée sur son thème fétiche, l'immigration.

La présidente du Front national juge même «un second tour PS-Front national à la présidentielle de plus en plus probable».

A droite, l'UMP, victime de l'impopularité de Nicolas Sarkozy et critiquée pour l'organisation d'un débat controversé sur la laïcité et la place de l'islam, a relativisé la portée nationale du scrutin.

«Vu l'abstention, on ne peut pas tirer d'enseignement national», a affirmé le patron de l'UMP, Jean-François Copé.

Le parti présidentiel exclut toute alliance avec le FN et ne donne pas de consignes pour les nombreux duels FN/PS qui se profilent au second tour.

«Nous laissons nos électeurs libres de leur choix» quand l'UMP est absente au second tour, a indiqué M. Copé.

Le Parti socialiste, qui avait déjà remporté les élections régionales de 2010, a lui salué un vote sanction contre le gouvernement.

Les Français «ont envoyé à la fois le message de l'exaspération qui est la leur à l'égard du gouvernement et leur volonté de changement», s'est félicité la dirigeante du PS Martine Aubry.

Les cantonales devraient marquer aussi l'entrée dans la course aux primaires pour déterminer le candidat socialiste en 2012. Le meilleur candidat dans les sondages est aujourd'hui Dominique Strauss-Kahn, mais le net succès du PS pourrait renforcer Martine Aubry, dans son rôle de leader de l'opposition.

Un troisième candidat potentiel, l'ex-premier secrétaire du PS François Hollande qui a le vent en poupe dans les sondages où il s'est hissé au niveau de Martine Aubry, devrait annoncer sa candidature dans les jours qui viennent. Ces primaires se dérouleront à l'automne.