Le parti basque interdit Batasuna, considéré comme le bras politique de l'ETA, a présenté lundi un nouveau parti «rejetant» pour la première fois la violence du groupe armé, espérant ainsi pouvoir se présenter à des élections locales. Ce nouveau parti «rejette et s'oppose à l'usage de la violence (...) y compris celle de l'ETA», a déclaré Rufi Etxeberria, dirigeant historique de Batasuna, lors de la présentation du nouveau mouvement politique à Bilbao (nord de l'Espagne).

Interdit depuis 2003 par la justice espagnole, en raison de ses liens avec l'ETA dont il n'a jamais condamné expressément les attentats, Batasuna espère ainsi revenir à la légalité et pouvoir se présenter aux élections locales de mai prochain au Pays basque.

Les statuts du nouveau parti, dont le nom n'est pas connu, seront déposés cette semaine au ministère de l'Intérieur qui aura ensuite vingt jours pour donner un premier avis sur leur légalité.

Tenu pour responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans de violences pour l'indépendance basque, l'ETA a annoncé le 10 janvier un «cessez-le-feu permanent de général» et n'a pas commis d'attentat depuis août 2009.

Echaudé par la fin sanglante d'une précédente trêve et tentative de négociations avec le groupe armé en 2006, le gouvernement socialiste a jugé insuffisant l'annonce de ce cessez-le-feu, réclamant un abandon définitif et sans condition de la lutte armée.

De même, le gouvernement s'est montré sceptique face aux distances prises progressivement par Batasuna depuis quelques mois vis-à-vis de la violence de l'ETA.

«Le rejet explicite de la violence et l'exclusion totale de celle-ci sont une conséquence directe de notre engagement par des moyens exclusivement politiques et démocratiques», a expliqué Rufi Etxeberria.

La fondation du nouveau parti «marque un point d'inflexion et de dépassement de modèles antérieurs», a-t-il ajouté, en référence à l'époque où Batasuna assumait le rôle de «vitrine politique» de l'ETA.

Ramon Jauregui, ministre de la Présidence et proche du chef du gouvernement Jose Luis Rodriguez Zapatero, avait souligné dimanche que Batasuna devait condamner de manière «irréversible et définitive» la violence et «qu'à partir de là (le retour à) la légalité est possible» pour ce parti prônant l'indépendance du Pays basque.