Le Vatican a tout d'abord tenté d'empêcher les responsables de l'Église catholique en Irlande d'expulser un prêtre pédophile particulièrement dangereux, avant de finalement céder quand le prêtre a violé un garçon dans les toilettes d'un pub, a révélé une enquête vendredi.

L'archévêque de Dublin, Diarmuid Martin, a déclaré que Tony Walsh était un homme «extrêmement malhonnête» qui n'aurait jamais dû devenir prêtre. Il a ajouté que le rapport illustre à quel point l'église était devenue trop puissante et trop arrogante dans l'Irlande du 20e siècle.

Une enquête exigée par le gouvernement irlandais sur les agissements de l'archevêché de Dublin avait conclu, l'an dernier, que les responsables catholiques avaient protégé des dizaines de prêtres pendant plusieurs décennies et n'avaient déclaré aucun crime à la police avant le milieu des années 1990. Ces conclusions avaient ébranlé l'Église et entraîné la démission de trois évêques irlandais.

Un chapitre consacré à Walsh avait toutefois été censuré du document parce qu'il faisait alors toujours l'objet d'un procès criminel. Le ministère de la Justice a publié ce chapitre vendredi, après que Walsh ait été condamné à 12 ans de prison pour les viols de trois garçonnets sur une période de cinq ans il y a une trentaine d'année.

Les enquêteurs - un juge et des avocats indépendants du gouvernement - ont conclu que Walsh a victimisé des centaines de garçons et de filles dans la région de Dublin, entre 1978 et 1996, un règne de terreur auquel les responsables de l'Église n'ont jamais mis fin.

Ils décrivent Walsh comme «probablement le pire des prédateurs sexuels» des 46 cas sur lesquels ils se sont penchés entre 1975 er 2004. Walsh incarnait souvent Elvis dans un spectacle catholique très populaire auprès des enfants, ce qui facilitait le recrutement de ses victimes. Il s'impliquait aussi dans le mouvement scout et invitait des enfants au séminaire de Dublin.

Les enquêteurs ont découvert que les responsables catholiques ont discuté pendant des années du traitement qui devrait être réservé à Walsh - le chasser de la prêtrise, l'envoyer être traité au Royaume-Uni ou le réaffecter à un poste qui l'éloignerait des enfants.

Un canoniste de l'archevêché de Dublin, monseigneur Alex Stenson, a confronté Walsh à plusieurs reprises concernant les soupçons de pédophilie. «Il n'a rien nié», a écrit monseigneur Stinson après une rencontre en 1985.

Les policiers irlandais ont fermé les yeux sur les agissements de Walsh après avoir été informés que les autorités ecclésiastiques géraient la situation à l'interne. Au moins une tentative par les responsables irlandais d'expulser Walsh de la prêtrise a été renversée par le Vatican, en 1993.

Puis, en 1994, Walsh a violé un garçon dans les toilettes d'un pub après les funérailles du grand-père de la victime. Quelques mois plus tard, une mère a accusé Walsh d'avoir poussé son fils au bord du suicide en l'agressant.

La police a alors ouvert une enquête et Walsh a été condamné à dix ans de prison en 1995. En février 1996, le pape Jean Paul II a finalement accepté son expulsion de la prêtrise, une décision confirmée dans une lettre signée par le futur pape, le cardinal Joseph Ratzinger.

Malgré tout, après sa libération en 2002, Walsh a continué à parcourir l'Irlande en se faisant passer pour un prêtre, faisant une vingtaine de nouvelles victimes. Il a été de nouveau mis en accusation quand trois autres victimes se sont manifestées, ce qui lui a valu la semaine dernière une peine de 123 ans de prison - la plus lourde jamais imposée à un prêtre pédophile en Irlande - même si seulement les douze premières sont reconnues.