Les partis politiques du Kosovo ont conclu, vendredi, une campagne électorale de dix jours avant le scrutin de dimanche, les premières élections générales dans le pays depuis sa déclaration d'indépendance, en 2008.

Quelque 1,6 million d'électeurs sont appelés à choisir parmi 29 partis politiques, coalitions et initiatives citoyennes qui composeront le Parlement de 120 membres, a indiqué un responsable des élections, Fehmi Ajvazi.

Dix sièges sont réservés à la minorité serbe, dont certains membres sont candidats. Mais la plupart des Serbes du Kosovo devraient boycotter le scrutin à l'appel des leaders serbes, qui considèrent toujours le Kosovo comme faisant partie de leur pays.

Le premier ministre kosovar, Hashim Thaci, a appelé la minorité serbe à renverser la tradition et à voter dimanche afin de «construire un avenir commun pour un Kosovo européen».

Les élections auront lieu alors que certains suggèrent que le nord du Kosovo, principalement habité par des Serbes, se dirige vers une partition.

L'ambassadeur des États-Unis au Kosovo, Christopher Dell, a prévenu qu'une telle situation pourrait déclencher de nouvelles violences ethniques dans la région, selon une nouvelle série de télégrammes diplomatiques rendus publics jeudi par WikiLeaks.

L'intensification des tensions pourrait aussi jeter une ombre sur les pourparlers à venir entre le Kosovo et la Serbie, organisés par l'Union européenne.

Les principaux concurrents aux élections de dimanche sont les deux plus grands partis politiques du pays, le Parti démocratique du Kosovo (PDK) du premier ministre Hashim Thaci et son ancien partenaire de coalition, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK).

Les sondages donnent l'avantage au parti de M. Thaci mais sans majorité claire, ce qui laisse supposer qu'il pourrait être forcé de trouver un partenaire de coalition. Son principal rival, la LDK, est miné par une lutte de pouvoir, tandis que l'Alliance pour l'avenir du Kosovo est affaiblie parce que son leader, l'ancien rebelle Ramush Haradinaj, fait face à un nouveau procès pour crimes de guerre devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie à La Haye.

La campagne électorale a vu apparaître plusieurs nouveaux venus, dont l'ancien militant étudiant Albin Kurti, dont le mouvement Autodétermination plaide pour l'unification du Kosovo avec l'Albanie et rejette les pourparlers avec la Serbie.

La majorité albanaise du Kosovo espère que les élections feront avancer le pays vers une éventuelle adhésion à l'Union européenne, même si le bloc de 27 membres, affligé par la crise économique mondiale, se montre moins ouvert à accueillir de nouveaux membres. Cinq membres de l'Union européenne refusent de reconnaître le Kosovo comme État indépendant.

Avec un taux de chômage de 40 pour cent, la population la plus jeune d'Europe et un leadership politique entaché par des enquêtes pour corruption, plusieurs observateurs estiment que le Kosovo n'a que de minces chances de se rapprocher d'une adhésion à l'Union européenne.

Jusqu'à maintenant, 72 pays ont reconnu l'indépendance du Kosovo.