Pour la première fois depuis plus de 400 ans, un procès pour piraterie s'est ouvert lundi en Allemagne, où dix Somaliens sont jugés pour l'attaque d'un cargo allemand en avril au large de la Corne de l'Afrique.

Les dix hommes, arrêtés par la marine néerlandaise, répondent d'attaque contre le trafic maritime et de tentative de rapt en vue d'obtenir une rançon. Ils encourent des peines maximum de 10 à 15 ans de prison. Il y a quatre siècles ils auraient risqué leur tête.

Ils sont jugés par un tribunal pour mineurs, car certains affirment avoir moins de 18 ans.

La défense a expliqué dans un communiqué que les actes de piraterie étaient la conséquence des troubles en Somalie et de la surpêche pratiquée par les Occidentaux dans la région.

La piraterie «ne peut être résolue que par une solution politique», ont-ils estimé. «Un jugement de cette cour n'aura aucune influence sur la piraterie dans l'océan Indien».

Les accusés, certains portant une casquette de baseball et des vêtements de sports, ont semblé suivre avec attention la traduction des débats qu'assuraient trois interprètes.

La lecture des noms a, à elle seule, duré près de 45 minutes, juges, interprètes et accusés cherchant à s'accorder sur une orthographe et une prononciation commune.

Mais c'est l'âge des accusés qui a provoqué les débats les plus vifs. Le plus âgé affirme être né «en 1962».

L'un d'entre eux, Abdul Kadir Ahmed Warsami, a affirmé pour sa part être âgé de 13 ans     -soit un an de moins que l'âge légal pour être jugé en Allemagne.

«Il va toujours à l'école», a ajouté son avocat Thomas Jung, affirmant avoir reçu depuis la Somalie un extrait de naissance envoyé par la mère de son client.

Des médecins néerlandais qui l'ont examiné affirment qu'il est âgé de «plus de 14 ans», tandis que des médecins allemands lui donnent «au moins 18 ans». Avec de telles différences, comment être sûr de son âge?, s'est interrogé l'avocat.

Mon client «a peur et il est complètement désemparé», a-t-il ajouté.

Oliver Wallasch, qui représente Ahmet Aden Abdi, le plus âgé des accusés, a estimé pour sa part, que les pirates présumés étaient «assez décontractés».

L'un a déjà déposé une demande d'asile politique en Allemagne, a-t-il affirmé.

«Ils n'ont peur que d'une chose -l'hiver allemand,» a-t-il ajouté.

Les inculpés avaient abordé le porte-conteneurs Taipan en avril, à environ 900 km à l'est des côtes somaliennes, mais n'avaient pu mettre la main sur les 15 membres d'équipage qui s'étaient réfugiés dans un espace sécurisé à bord du navire.

Trois heures et demie plus tard, la frégate Tromp de la marine néerlandaise avait donné l'assaut et un militaire néerlandais avait été légèrement blessé dans des échanges de coups de feu.

Les pirates avaient été écroués aux Pays-Bas, puis extradés en juin pour un procès à Hambourg, principal port allemand et ville d'attache du Taipan.

Selon le Bureau international maritime, 23 navires et plus de 500 membres d'équipage sont actuellement détenus par des pirates somaliens.

Entre 1390 et 1600, quelque 533 pirates ont été exécutés à Hambourg, selon l'historien de la ville Ralf Wiechmann.

À l'époque, on leur coupait la tête avant de l'exposer sur un pieu près du port.