Des milliers de personnes ont commencé à défiler samedi à travers la France, avec une mobilisation encore en baisse selon la police, pour dénoncer la réforme des retraites du président Nicolas Sarkozy, adoptée par le Parlement fin octobre.

Les premiers cortèges, sur les 241 prévus dans le pays, sont partis en fin de matinée, souvent sous la pluie, dans plusieurs villes de province pour cette huitième journée de manifestations, sans appels à la grève.

Vers 13h, et avant le départ de la manifestation parisienne, le ministère de l'Intérieur constatait une «très forte baisse» avec 142 000 manifestants contre 198 000 lors de la dernière journée d'actions, le 28 octobre.

Même à Toulouse (sud-ouest), où la contestation sociale est traditionnellement forte, on comptait entre 13 000 (police) et 110 000 (syndicats) manifestants, contre 15 000 à 120 000 le 28 octobre.

La dernière journée d'action avait déjà été marquée une nette décrue de la mobilisation: environ 560 000 personnes selon la police, deux millions de personnes, selon les syndicats. Des chiffres très inférieurs à un pic du mouvement qui se situe entre un million et trois millions de manifestants selon les sources.

Les syndicats présentent encore un front uni ce samedi, avec des leaders en tête du cortège parisien, mais déjà des dissonances se font entendre.

Le responsable de la CGT (gauche) Bernard Thibault a assuré haut et fort samedi, dans le journal L'Humanité, que «la CGT ira jusqu'au bout», quitte à faire cavalier seul.

Il espère ainsi «créer le rapport de forces» pour obtenir des «négociations» d'ici juillet 2011, date d'application de la réforme.

La principale mesure de la réforme prévoit de repousser l'âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Adopté par le Parlement à la veille de la dernière journée d'action, le projet doit encore passer devant le Conseil constitutionnel, saisi par l'opposition socialiste.

Si elle passe cette étape, la loi peut être promulguée dans les 15 jours par le président Sarkozy.

À l'opposé, le syndicat CFDT ne croit plus à une victoire et semble avoir tourné la page. «On va s'éloigner petit à petit malheureusement» du sujet des retraites, a affirmé son numéro un, François Chérèque.

Selon lui, penser faire reculer le président Sarkozy relève du «rêve». Il souhaite maintenant orienter la protestation vers d'autres revendications comme le chômage des jeunes, des seniors et les conditions de travail.

Les chiffres définitifs sur la mobilisation de ce samedi seront importants pour la définition de la stratégie future des syndicats. Un nouveau «rendez-vous» de mobilisation est prévu entre les 22 et 26 novembre.