La chancelière allemande Angela Merkel reçoit mercredi une centaine d'élus, de ministres et de responsables d'associations pour un Sommet sur l'intégration, question qui provoque un débat virulent dans le pays.

Les participants à cette réunion à la chancellerie devraient adopter un plan d'action pour mieux promouvoir l'intégration des 15,6 millions d'étrangers ou de personnes d'origine étrangère vivants en Allemagne.

Parmi les mesures figurent notamment une meilleure maîtrise de la langue allemande, cheval de bataille de la chancelière qui y voit la «clé de l'intégration». Le gouvernement doit débloquer de 400 millions d'euros d'ici 2014 pour favoriser l'apprentissage de l'allemand chez les enfants d'immigrés.

L'école maternelle est peu développée en Allemagne et les enfants arrivent au primaire sans avoir été scolarisés.

Avant ce sommet, Angela Merkel a réaffirmé que l'intégration, absente du débat politique pendant plusieurs années, était désormais une des ses priorités : il existe «un très grand besoin de rattrapage», selon elle.

«Les enfants de familles immigrées interrompent deux fois plus leur scolarité que les enfants allemands, les jeunes étrangers sont deux fois plus nombreux à quitter l'école sans diplôme», a énuméré la dirigeante conservatrice dans le quotidien régional Passauer Neue Presse de mercredi. «C'est pour cela qu'il y a parmi les immigrés beaucoup plus de bénéficiaires de l'aide sociale que parmi les Allemands».

Le débat fait rage en Allemagne depuis la publication par un responsable de la Banque centrale, Thilo Sarrazin, qui a depuis démissionné, d'un pamphlet affirmant par exemple que le pays «s'abrutit» sous le poids des immigrés musulmans.

«L'Allemagne court à sa perte», s'est déjà vendu à 1,1 million d'exemplaires. Il dénonce notamment les faibles qualifications professionnelles des 4 millions de musulmans alors que l'Allemagne, pays vieillissant, aurait grand besoin de main d'oeuvre étrangère qualifiée.

La classe politique a condamné cet ouvrage, mais une majorité d'Allemands approuvent les thèses de M. Sarrazin.

Angela Merkel a ensuite levé un tabou en affirmant que le modèle multiculturel dans lequel cohabiteraient harmonieusement différentes cultures avait «complètement échoué».

Certains dénoncent toutefois une stigmatisation des étrangers, en particulier des Turcs, dans ce débat.

«Le débat sur l'intégration s'est transformé en débat sur la désintégration dont l'objectif n'est plus le lien social mais l'exclusion, le découragement et la désagrégation», commentait mercredi un éditorial du quotidien Berliner Zeitung.

L'Allemagne, dont un habitant sur cinq est pourtant soit étranger soit d'origine étrangère, a toujours du mal à se voir comme un pays d'immigration.

En 2000, elle avait franchi une étape historique en renforçant considérablement le droit du sol, qui accorde la nationalité allemande aux enfants nés en Allemagne de parents étrangers.

Dans les rangs de l'opposition de gauche, des critiques se sont également élevées contre la tenue de ce sommet, qui en est à sa quatrième édition, accusé de constituer «un alibi» pour le gouvernement conservateur-libéral d'Angela Merkel.

Pour le maire social-démocrate (SPD, opposition) de Berlin, Klaus Wowereit, se sommet ne sert qu'à faire «de belles photos de presse arrangées». Car parallèlement, le gouvernement réduit les budgets des services sociaux urbains et de l'éducation interculturelle, dénonce-t-il.