Le président du Front national français Jean-Marie Le Pen et les dirigeants de sept autres partis européens d'extrême droite ont visité samedi le très controversé sanctuaire shintoïste de Yasukuni, au Japon, lieu polémique car il rend hommage à des criminels de guerre condamnés.

M. Le Pen et le Britannique Adam Walker du British National Party, y menaient la délégation des droites extrêmes, venus rendre hommage à tous ceux qui sont morts pour défendre leur pays, selon leurs propres termes, sans distinction de camp.

Cette visite, à la veille du 65e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale, était organisée par le Conférence internationale des organisations patriotiques, afin de rassembler l'extrême droite européenne et les membres du mouvement ultranationaliste nippon Issuikaï.

Le sanctuaire shintoïste de Yasukuni, dans le centre de Tokyo, est un lieu polémique: on y rend hommage aux Japonais morts au combat, criminels de guerre condamnés par les Alliés compris. Les mouvements pacifistes, tout comme les victimes de l'impérialisme nippon en Asie, y voient une glorification malvenue du passé militariste japonais.

Cette visite peut en outre être considérée comme une provocation par les anciens prisonniers de guerre européens des Japonais, ces dizaines de milliers de Britanniques ou Néerlandais qui furent capturés par l'armée impériale nipponne lorsqu'elle investit les colonies européennes d'Asie au début du dernier conflit mondial. Des milliers d'entre eux furent exécutés, torturés ou sont morts de faim dans les camps de prisonniers et camp de travail japonais.

Interrogé sur le but de sa visite par Associated Press Television News (APTN), Adam Walker a déclaré être venu pour «rendre hommage aux morts», aux «héros qui sont morts pour leur pays».

Des députés nippons, ainsi que des centaines de personnes ayant perdu des proches lors de la Seconde guerre mondiale, étaient attendus dimanche au sanctuaire pour l'anniversaire de la fin du conflit en Asie.

Vendredi, l'agence de presse Kyodo a annoncé que le Premier ministre Naoto Kan et ses ministres ne comptaient pas se rendre au sanctuaire. Selon Kyodo, ce sera la première fois que la totalité des membres d'un gouvernement japonais s'abstiennent de s'y rendre à l'occasion de cet anniversaire.

Les visites de membres du gouvernement au sanctuaire controversé ont à maintes reprises tendu les relations de Tokyo avec ses voisins asiatiques.